Lors d’une conférence de presse à Lomé mercredi, les responsables de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ont vivement critiqué une initiative des députés UNIR à l’Assemblée nationale. Ces derniers tentent d’aligner le règlement intérieur de la nouvelle législature sur la nouvelle constitution, en ignorant les dispositions transitoires. Dans leur déclaration liminaire, la DMP a fermement dénoncé cette manœuvre qualifiée de « dessein funeste », affirmant qu’elle ne saurait être tolérée. Lecture.
Déclaration liminaire
La DMP vous remercie d’avoir répondu à son invitation à la conférence de ce 22 mai 2024, qui est organisé dans le cadre de son devoir de redevabilité envers ses électeurs et les populations togolaises. de presse
Dans son communiqué du 20 mai 2024, la DMP annonçait aux militants, sympathisants électeurs et à l’opinion publique nationale “qu’elle siègera à l’Assemblée Nationale où elle entend poursuivre le combat pour la libération du Togo de la dictature et l’instauration d’une véritable démocratie dans notre cher Togo”.
Conformément à cette décision prise à l’unanimité de la Conférence des Présidents, la tête de liste Golfe, Kafui Adjamagbo Johnson a participé à la session de droit convoquée le 21 mai 2024 au titre du seul siège rescapé de la vaste mascarade électorale organisée par le régime en place le 29 avril 2024. Après à peine 24 heures de travaux, il nous est apparu nécessaire d’organiser la présente Conférence de presse pour informer l’opinion de ce qui se trame par le régime qui tient à transformer envers et contre les Togolais, dépositaires de la souveraineté nationale, le Togo en une monarchie.
Ce dessein funeste est inacceptable et sa concrétisation ne sera jamais cautionnée par la DMP.
Le 21 mai 2024, au cours de la séance inaugurale, et conformément à l’ordre du jour proposé et adopté par l’Assemblée, la liste de l’ensemble des 113 élue a été communiquée ainsi qu’un résumé des recours présentés contre les résultats proclamés et des décisions de rejet de la Cour. Au point suivant relatif à l’adoption du règlement intérieur, une commission de 19 membres (16 députés UNIR et 3 de l’opposition) a été mise en place pour étudier un projet de règlement intérieur avant de le soumettre à la plénière. Une première réunion de la commission fut demandée dès la suspension de la plénière pour convenir des modalités de fonctionnement de la commission. Après concertation, les élus de l’ADDI et de la DMP ont décidé d’envoyer Monsieur Wonyran, élu ADDI à cette concertation. A notre grande surprise, dès cette concertation, les membres UNIR de la commission ont décidé de commencer l’examen du règlement intérieur, malgré l’opposition de député Wonyran qui a rappelé l’objectif de la concertation. La poursuite de l’examen du règlement intérieur a permis à Monsieur Woynran de constater que les membres d’UNIR sont dans la logique de se fonder sur la constitution promulguée le 6 mai 2024 instaurant une 5ème République dans notre pays pour définir le contenu du règlement intérieur. Monsieur Wonyran a sur le champ fait observer que les élus de l’opposition étaient contre l’application de cette constitution étant donné que les élections ont eu lieu et les résultats ont été proclamés sous la constitution de 1992. Malgré son objection, la commission a poursuivi en examen du règlement intérieur dans la même logique avant de suspendre les travaux pour les reprendre ce 22 mai à 15 heures.
La position de la DMP sur la question de savoir à quelle constitution arrimer le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale est très claire et a été exprimée dans la déclaration suivante faite à la séance de ce 22 mai 2024 de la Commission Règlement Intérieur.
La DMP est contre la référence à la constitution promulguée le 6 mai 2024 dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui voudrait signifier que les travaux de l’Assemblée Nationale se dérouleront dans le cadre de cette constitution.
Tout d’abord, nous voulons vous rappeler que les élections ont été organisées dans le cadre de la constitution de 1992 et les résultats définitifs proclamés sous le visa de cette même constitution. Nous avons donc été élus dans le cadre de la constitution de 1992 et pour appliquer cette constitution.
Nous ne pouvons nous associer à une manœuvre visant à faire appliquer la constitution promulguée le 6 mai 2024 parce que cette constitution a été adoptée à travers un coup de force (c’est-à-dire en violation de la constitution de 1992 et sans la participation du peuple), pour contrer les aspirations des togolais à l’alternance, et parce qu’elle leur enlève sans leur consentement le droit fondamental de choisir leur dirigeant. Aucun représentant véritable du peuple ne pourrait par conséquent cautionner une démarche visant à faire appliquer cette constitution dont le contenu n’est pas conforme aux intérêts du peuple.
UNIR qui s’est taillé par des moyens juridiquement et moralement repréhensibles, une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale peut faire ce qu’il veut, puisqu’il en a tout le pouvoir. Mais permettez-moi de vous rappeler que tout est permis, mais tout n’est pas utile, tout est permis, mais tout n’édifie pas. Il appartient à UNIR de décider s’il veut inscrire une page en or, glorieuse et honorable de l’histoire de ce pays en se ravisant et en faisant le choix de respecter la seule constitution consensuelle que le peuple s’est donné en l’approuvant à plus de 98%. II lui appartient de décider au contraire d’exacerber la discorde nationale, d’amplifier les frustrations des togolais qui ne demandent qu’à vivre libres et à jouir du bien-être auquel a droit tout être humain qui vient au monde, et de mettre ainsi en danger notre devenir collectif. Dans ce cas, UNIR aura choisi de rester dans les poubelles de l’histoire, comme celui par qui les plus grands malheurs sont arrivés au peuple togolais. La DMP quant à elle a fait le choix de rester au côté du peuple engagé dans un combat juste et légitime, un combat extrêmement dur mais qu’il gagnera certainement.
Voilà pourquoi nous continuerons durant notre mandat à nous opposer à tout ce qui peut paraître comme une trahison du peuple, et donc ne nous associerons pas à ce qui n’est ni plus ni moins qu’un parachèvement du coup de force constitutionnel perpétré contre ses intérêts.
Voilà mesdames et messieurs les raisons pour lesquelles nous avons voulu vous rencontrer cet après-midi. Le peuple doit être informé de ce qui se joue à l’Assemblée Nationale. Nous croyons que nous sommes à la croisée des chemins et devons plus que jamais prendre nos responsabilités pour faire reculer le régime qui veut utiliser les députés sortis des élections du 29 avril 2024 pour parachever leur coup de force constitutionnel. Au moment même où l’Assemblée Nationale tient ses travaux, trois de nos jeunes, à peine sortis de l’adolescence sont arrêtés et pour deux d’entre eux jetés en prison pour s’être exprimés sur le coup de force constitutionnel. La DMP dénonce cette arrestation arbitraire orchestrée pour semer la peur au sein des populations et étouffer toute contestation relative à la constitution du 6 mai 2024. La DMP demande au régime de faire preuve d’humanisme en libérant ces pauvres enfants qui doivent passer leurs examens de fin d’année.
La DMP en appelle à cet effet à l’union de toutes les composantes de l’opposition parlementaire, extraparlementaire et la société civile afin que nous soyons le fer de lance du mouvement qui va empêcher l’abandon de la constitution consensuelle au profit d’intérêts égoïstes et partisans.
La DMP appelle le peuple souverain à la détermination et à la résilience car nul ne peut venir à bout d’un peuple déterminé.
Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la liberté !
Fait à Lomé le 22 mai 2024
La Conférence des Présidents
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