Voici Comment les politiciens africains sont piégés par l’Europe pour empêcher tout développement humain

Voici Comment les politiciens africains sont piégés par l’Europe pour empêcher tout développement humain
– L’exemple de la France au Cameroun et le contraire de la Chine au Chili

Dans la rubrique : Il y a 2 ans, j’écrivais…

(La difficile relation entre la Chine et l’Afrique)

(Première partie de la Leçon d’éducation politique n° 9 de Jean-Paul Pougala à retrouver dans l’intégralité sur www.pougala.net)

Partie 1 :
L’exemple de la France au Cameroun

Ils sont très nombreux, les africains qui ne savent pas que la vraie nature du bras de fer en cours entre la présidence de la république malienne de Goïta et la présidence de la république française de Macron est la remise en question pour la première depuis des dizaines d’années du modèle d’état factice français sur le continent africain.

Dans l’état actuel des choses, il est impossible d’avoir un milliardaires africains issu d’un pays colonisé par la France, parce que la France s’est arrangée à tenir dans ces états, un modèle politico-économique qui met hors circuit de développement tous les acteurs nationaux, publiques et privés.

Si 60 ans après l’indépendance, pour venir à bout de 1000 Djihadistes, l’armée malienne a eu besoin d’avoir pendant 9 ans sur son sol toutes les armées de l’Union Européenne pour l’aider et sans y parvenir, c’est bien la preuve qu’il y a quelque chose qui n’a pas marché. Ou tout au moins que le modèle d’Etat construit par la France en Afrique ne peut pas répondre aux besoins primaires de sécurité, encore moins, de prospérité de la population.

Et la vraie haine des intellectuels français contre la Russie, vient du fait qu’ils sont tous conscients du fait l’intervention de la Russie en Centrafrique et au Mali, risque de faire tomber le premier morceau du mosaïque du modèle d’état factice installé dans tous les pays d’Afrique sous la France.

Il n’y a pas de vrai état, parce qu’il n’y a pas de structure économique viable, capable de générer des ressources suffisantes pour financer le train de vie d’un vrai état.

L’Etat post-colonial africain encore sous le contrôle de la France, n’est pas une Providence à laquelle on puisse demander quoi que ce soit, et de laquelle on puisse attendre le moindre service garanti.

Cet Etat au rabais, n’est qu’un simple gérant aux mains de qui les citoyens ont remis, pour les exercer en leur nom, un certain nombre de leurs droits. L’Etat africain aurait dû être un agent public chargé de certains services, un administrateur de l’argent de tous, l’intermédiaire officiel parlant et négociant en leur nom avec les puissances étrangères, un serviteur, non un maître.

Au lieu de cela, soigneusement affaibli par la France, et réduit à sa plus simple expression, l’état africain n’est ni un serviteur, ni un maître. Il n’est que la boîte à outils qui sert de courrois de transmission de l’ordre de soumission coloniale entre le maître européen et le serviteur africain, qui se pérennise. Il ne sert qu’à exécuter l’ordre de commandement parti de la France au serviteur de l’Afrique.

La haine qu’ils ont tous contre la présence russe en Afrique a la même justification de la haine anti-chinoise colportée par les médias occidentaux sur le continent africain. Ils ont tous peur que le grain de sable que ces deux pays, la Russie et la Chine apportent à l’Afrique, contribue à gripper la machine de l’oppression et de la servitude, de l’asservissement et de la domination.

Je vais vous démontrer dans la leçon d’aujourd’hui, pourquoi comment la France a fait pour piéger le Cameroun à travers ses deux présidents de la République et en conclusion, je vous montrerai aussi, comment le pays se sert du levier économique chinois et militaire et gaziers russes, pour tenter de contourner cette main-mise de la France sur l’ensemble du pays. Et qui a valu la visite du chef d’Etat français Macron à Yaoundé à l’été 2022, pour essayer de renverser la vapeur.

Je vais combiner 3 leçons en 1, c’est parce que je retiens que la leçon d’aujourd’hui est très importantes pour la jeunesse africaine qui a envie de se lancer en politique dans un avenir proche ou lointain.

Si vous espérez un jour vous lancer en politique sur le continent africain, prenez vraiment le temps de lire ce genre de leçon du début à la fin. Elle est un peu longue, comme d’habitude, parce que j’ai besoin de recourir à des mots simples, des phrases plus longues pour expliquer des concepts complexes et permettre à un plus grand nombre de jeunes africains de comprendre les règles truquées du jeu auquel l’Europe nous a invités à jouer depuis 5 siècles, avant de vous lancer à jouer aussi.

Si vous ne savez pas à quel jeu on joue, vous risquerez vous aussi de devenir comme les politiciens africains qu’on accuse très souvent de beaucoup de maux, mais qui, en réalité ne savent même pas de quoi on les accuse, puisqu’ils ne sont pas dotés de l’intelligence et de la complexité intellectuelle pour comprendre l’intitulé du problème, avant même de commencer à le résoudre. Leur éducation coloniale au rabais, sans pensée critique, n’a pas été conçue par les européens pour cela.

L’africain est le seul acteur aujourd’hui sur la scène qui ne sait pas qu’il n’est qu’un incident de l’histoire. Il ne sait pas que si les choses s’étaient passées comme prévu et qu’il n’y avait eu ni la première et la deuxième guerre mondiale, sa disparation programmée par l’Europe serait déjà chose faite depuis longtemps.

A personne ne vient l’idée de se demander comment fait-il que nous sommes les premiers être sur la terre et que sur un territoire de 30 millions de km2, nous ne sommes qu’un seul milliard d’habitants et que la quasi-totalité des européens trouvent que c’est trop, alors qu’ils ne s’inquiètent nullement que les Indiens sont 1,3 milliards d’habitants sur un petit pays de 2,4 millions de km2.
Ils ne s’inquiètent ni du nombre des Indiens, encore moins de celui des Chinois, parce qu’ils ne convoient pas leurs territoires. Les Européens ne se sont jamais rendus à l’idée de posséder l’Afrique, toute l’Afrique du Sud au Nord. Et c’est bien pour cela qu’ils se font encore appeler aujourd’hui des Afrikaners, des Africains en lieu et place de nous-autres.

La conséquence est que l’éducation coloniale européenne encore en cours sur le continent africain a privé les africains de la prise de conscience de s’inscrire de façon prioritaire dans une logique révolutionaire, pour repenser leur propre survie, dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas.

C’est à mon avis, le principal point d’incompréhension entre les dirigeants africains et les dirigeants Chinois. Ces derniers croient venir en aide aux Africains pour leur permettre de sortir des griffes de leurs prédateurs européens, mais à leur grande surprise, les dirigeants africains se comportent avec la Chine avec condescendance, comme si c’est la Chine qui avait besoin d’eux.

Ils voient la Chine dans un rôle purement mercantile et oublient l’essentiel, l’idéologie. Ils oublient que ce qui poussent la Chine en Afrique, ce ne sont pas les matières premières que nous ne possédons pas tant qu’il n’y a personne qui met la main au porte-feuille pour les sortir de terre.

Ce qui pousse la Chine en Afrique a été rappelé par le président de la République Populaire de Chine Xi Jinping lors du dernier et XXème Congrès du Parti Communiste Chinois (PCC), lorsqu’il affirme que pour son prochain mandat, la Chine va retourner aux fondamentaux, à plus d’idéologie, c’est-à-dire, à peut-être moins d’économie comme priorité.
(…)
(…)

Parce que nous dit Karl Marx, c’est la bourgeoisie qui met tout le monde à son service, y compris l’Etat. Elle a su : « imposer la généralisation du marché, la recherche du profit comme finalité de l’activité humaine, c’est-à-dire, son système de valeurs ». Elle noie « dans les eaux glaciales du calcul égoïste les valeurs qui la précèdent, frissons sacrés et pieuses ferveurs, enthousiasme chevaleresques, mélancolie béotienne (…) Elle dissout la dignité de la personne dans la valeur marchande ».

Et c’est bien parce que Pékin résiste à ce système de valeurs dans lequel la dignité de la personne est dissoute dans la valeur marchande, qu’il a fait le choix audacieux de faire que tout le monde reste en vie, avec le Zero-Covid, plutôt que de relativiser des millions de morts potentiels noyés dans les eaux glaciales du calcul égoïste de l’économie.

Et si ce sont tous les médias occidentaux qui se précipitent à donner l’information sur une petite poignée de manifestants sur des bouts de trottoirs de 3 villes chinoises, c’est bien parce que nous sommes en plein du jeu auquel les africains ont été invités à jouer sans jamais en connaître les règles. Et c’est bien parce que nous ne maîtrisons pas ces règles que les Etats africains ne sont au final que le courrois de transmission de la soumission occidentale, érigée en conseils.

Demandez-vous quel intérêt chaque européen a de voir le chaos en Chine ? Demandez-vous pourquoi les Européens sont si heureux de nous annoncer sur leurs plateaux de télévision tout ce qui va mal chez les autres, en Iran, en Russie, en Afrique ?

Pour répondre à cette question, nous devons rentrer dans l’histoire européenne et faire un retour en arrière de 173 ans. Nous ne pouvons pas comprendre une telle attitude aussi généralisée d’un peuple qui presque à l’unisson ne souhaite que le malheur de tous les autres peuples de la planète sans nous plonger dans son passé, pour comprendre qui il est vraiment aujourd’hui et quels sentiments l’animent pour le mettre dans une telle voie de tant d’animosité, de haine et de mépris pour le monde entier.

Nous sommes en 1849 à Paris. Et plus précisément, de Juin à Octobre 1849, Tocqueville est le ministre des affaires étrangères de Napoléon. Il a le temps de voir le système de l’intérieur et nous en parler avec plus de détails et de précisions.

Il va le faire en 1856, à travers un livre intitulé : « L’ancien régime et la Révolution ».

Il parle de la France et des Français de 1856. Et non de nous aujourd’hui, mais vous allez remarquer qu’il parle en fait de nous aujourd’hui, dans le rôle des Français de 1856. La leçon ayant été testée sur le peuple français, aujourd’hui, le résultat est appliqué au monde entier.

Tocqueville nous dit qu’avant la Révolution Française de 1789, il y avait déjà un début de progrès de l’égalité, puisque la noblesse avait perdu ses privilèges et ses obligations au profit de la bourgeoisie. Et c’est parce qu’elle est démunie de ses anciens privilèges qu’elle est obligée de se rapprocher de la bourgeoisie, pour survivre économiquement. Ils vont ainsi tisser de nombreux mariages entre l’aristocratie et la fortune de la bourgeoisie. Et que la passion subite pour l’égalité n’est pas l’égalité du peuple français, mais l’égalité de l’aristocratie et la bourgeoisie.

Entre ce duopole et le reste, il y a un vide que seul l’état peut combler, mais cet état n’étant que l’émanation du duopole, son rôle n’est que répressif pour mettre tout le peuple français au pas avec un slogan creux et mensonger de Liberté, Fraternité et Egalité, alors qu’en réalité, c’est l’inégalité qui triomphe dans l’action même de l’Etat. Et le plus surprenant pour Tocqueville est que ce peuple est même content des inégalités dont il souffre cruellement, puisqu’on lui répète tous les jours que c’est ça l’égalité et la liberté.

Et qu’en dessus tout, il est même en fraternité avec les bourgeois et l’aristocratie.

Tocqueville écrit sur cette France-là de 1856 : « Lorsque l’inégalité des conditions est la loi commune de la société, les inégalités les plus marquées ne frappent pas le regard ; mais quand tout est presque au même niveau, les plus légères sont assez marquées pour le blesser. Il en ressort que le désir d’égalité devient plus insatiable à mesure que l’égalité est plus complète ». Il en conclut que dans ces conditions, « La France devient l’exemple d’une démocratie qui bascule dans une forme de despotisme.

Les progrès de la liberté se sont en effet accompagnés d’un renforcement de la centralisation en l’absence de corps intermédiaires. Sous la tutelle de l’État, les Français sont soumis à une nouvelle forme de servitude. Pire, ils sont arrivés à abandonner leurs premières visées, et oubliant la liberté, n’ont plus voulu qu’être les serviteurs égaux du maître du monde ».

C’est cela la France de 1856. C’est cela le monde de 2022, où les Etats africains « sont soumis à une nouvelle forme de servitude. Pire, ils sont arrivés à abandonner leurs premières visées, et oubliant la liberté, n’ont plus voulu qu’être les serviteurs égaux du maître du monde ».

Et si la Russie et la Chine sont aujourd’hui les pays les plus détestés par l’Occident, c’est bien parce que non seulement ces deux pays ont refusé ce scenario pour leurs deux peuples, mais aident les autres pays du monde encore soumis qui le désirent à sortir collectivement, d’une telle servitude et de ne plus se contenter de « n’être que les serviteurs égaux d’un maître du monde » à la Tocqueville.

VOICI COMMENT LA FRANCE A PIEGE AMADOU AHIDJO D’ABORD ET PAUL BIYA ENSUITE

Question : Pourquoi un dirigeant africain accepte-t’il sans réagir la prédation systémique du Franc CFA ?

Réponse : Parce qu’il n’a aucune idée du mécanisme de construction d’une telle prédation que je vais vous expliquer maintenant.

Le mode opératoire est connu d’avance : inciter les présidents naïfs africains à mettre la charrue avant les bœufs.

Au Cameroun, les conseillers français ont fait croire à la partie camerounaise qu’il suffisait de créer autant d’entreprises publiques qu’on le désirait, sur un bout de papier, sans se préoccuper de leurs capacités à vivre et à résister à la force du marché.

Dépourvus de capacités en Intelligence Economique et Stratégique et ne possédant aucune notion de Guerre Economique, le premier président du Cameroun s’est facilement laissé berner par la France, qui lui a fait croire l’impossible.

Prenons l’exemple de la compagnie aérienne, dénommée Cameroon Airlines qui faisait la fierté de tout un pays. Oui, mais juste parce que c’est tout le pays qui était naïf, crédule, pour ne pas comprendre que dans l’ordre des priorités, ni en 1971 à sa création, ni aujourd’hui en 2022, le Cameroun n’a besoin d’une compagnie aérienne publique, tout simplement parce que non seulement il n’en a pas les moyens, mais aussi parce qu’il n’a pas les experts nationaux en Guerre Economique pour faire durer une telle compagnie et la rendre économiquement tenable, viable.

Pire, il y a des priorités plus vitales que satisfaire le caprice de quelques bourgeois camerounais qui ne veulent pas voyager par bateau pour aller prendre le vol pour Londres ou Paris depuis Lagos, au Nigeria voisin.

En 2022, même le nom de la nouvelle compagnie aérienne qui a succédé à l’ancienne, Camairco, montre que la compagnie n’a pas des gens compétents pour mener la moindre bataille même de l’image pour ne pas comprendre le grand gâchis de recourir à un tel nom au lieu même de profiter du nom Cameroun. En Belgique, Sabena a laissé la place à Brussels, pour profiter de la publicité du nom de la capitale belge. En suisse, Swissair a laissé la place à Swiss, là aussi, on veut profiter du nom du pays. En Italie, Alitalia a laissé la place à Ita, reprenant les 3 lettres qui symbolisent le pays.

Et Camairco rime avec quoi ? Ca doit rappeler quoi au client ?
Aujourd’hui, aucune compagnie aérienne qui va à l’international n’est rentable sans alliance. Quelles sont les alliances de Camairco ? Comment compense-t-elle les mauvais chiffres de la saison basse ?
La vérité est que nous sommes devant un trou financier permanent et il n’existe aucun économiste qui peut prétendre avoir la baguette magique pour sauver une telle compagnie, car ce sont ses fondements mêmes qui ne sont pas solides depuis 1971 et qui font qu’elle ne peut pas tenir debout de façon stable, même en 2022.

Par conséquent, celui qui nous a prêté l’argent en 1971, pour nous endetter et créer Cameroon Airlines, savait depuis l’origine qu’il ne s’agissait en fait que d’un puits sans fond, d’un trou financier qu’il aurait fallu combler pendant des années, contribuant de fait ainsi non seulement à appauvrir l’Etat du Cameroun, mais aussi à le priver de la force de négociation avec ses bailleurs de fonds français et européens.

C’est comme cela qu’un pays soi-disant indépendant en 1960, en moins de 11 ans est déjà totalement mis sous la dépendance financière de la France dont il croyait s’être libéré.

L’avion, le train ou la route ne tiennent debout sur le long terme que s’il y a une activité économique intense qui le finance de façon autonome. L’économie de rente coloniale tournée vers l’extérieur ne pourra jamais faire émerger les ressources nécessaires pour financer un tel train de vie d’un Etat normal.

Je viens de prendre l’exemple d’un seul cas, celui de la compagnie aérienne non viable qui devient un gouffre financier permanent aspirant et déviant vers le nul, le peu de ressources à la disposition de l’état qui par conséquent ne peut pas assurer son rôle républicain de pourvoyeur des services de base comme l’eau potable, l’électricité, l’école et la santé pour tous.
(…)
(…)
Vous venez de lire les 5% de la leçon.
Les restants 95% sont sur www.pougala.net

Jean-Paul Pougala

Jeudi le 1er Decembre 2022
(republié le 1er février 2024

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *