Togo-Procès Madjoulba : Le tribunal confirme le verdict des oracles

Un procès historique du Tribunal militaire a cours depuis deux semaines au Palais de justice de Lomé dans l’affaire de l’assassinat du Colonel Bitala Madjoulba dans la nuit du 3 au 4 mai 2020.

Au cours de ce procès, au total sept accusés dont Félix Abalo Kadangha, ex Chef d’État-major des Forces Armées Togolaises pour complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice, et de complot contre la sécurité intérieure de l’État.

Le Commandant Akila-Esso Kpatcha Atèkpè, Chef de l’Unité de la Sécurité militaire est poursuivi pour avoir organisé une enquête parallèle aux expertises balistiques censées identifier le ou les auteurs de cet assassinat. Le Lieutenant-colonel Kouma Agbonkou, Commandant en second du premier Bataillon d’Intervention Rapide, a comparu pour abandon de poste, aides et concours apportés à des autorités militaires non autorisées du dossier. Au cours de ce procès, il a été révélé une enquête mystique pour retrouver le coupable.

Le Caporal-chef Pyabalo Tcha est identifié comme le responsable du groupe tradition et pratiques mystiques au sein du 1er BIR à l’époque des faits.

Dans sa déposition devant les juges d’instruction, le Caporal-chef Pyabalo Tcha a révélé que selon les résultats de la consultation, « les esprits avaient dit que le Gal Kadangha et le Col Ali Kodjo sont les commanditaires de l’assassinat » de feu Colonel Toussaint Madjoulba. Les mêmes esprits auraient également révélé que les auteurs du crime seraient le caporal-chef Songuine Yendoukoa (le chauffeur de Madjoulba), la secrétaire Akouna et un Caporal-chef qui s’est suicidé lors de sa détention.

Dans la suite du procès, le Procureur a confirmé les résultats de l’oracle avec de lourdes peines à l’endroit des sept accusés. C’est un aspect particulier de ce procès qui révèle le fonctionnement de la grande muette.

Au demeurant, c’est une invite aux forces de défense et de sécurité au respect de l’article 21 de la Constitution qui stipule « La personne humaine est sacrée et inviolable. Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Nul ne peut se soustraire à la peine encourue du fait de ces violations en invoquant l’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique. Tout individu, tout agent de l’État coupable de tels actes, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément à la loi. Tout individu, tout agent de l’État est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte grave et manifeste au respect des Droits de l’Homme et des libertés publiques. »

Bien plus, pour que la lutte contre l’impunité ait tout son sens, il importe que les autres dossiers de bavures ou massacres soient aussi élucidés.

Honoré ADONTUI

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