La Cedeao politique est morte et enterrée

Elle était (et reste) l’organisation sous régionale la mieux intégrée en Afrique. Comme communauté économique, la Cedeao a plus ou moins réussi la libre circulation des personnes et des biens sans malheureusement parvenir à une monnaie unique. Mais assez rapidement, la Cedeao s’est aussi transformée an une organisation politique agissant aussi bien sur le plan de la démocratie et la bonne gouvernance que la justice. Sans rentrer dans les détails, cette Cedeao a aider à ramener la paix et la régularisation constitutionnelle dans un certain nombre de pays.

Ce faisant, la principale force de cette Cedeao politique, qui était le respect de l’ordre constitutionnel, en a été sa plus grande faiblesse. Car au moment où elle condamne et sanctionne les auteurs de coups d’état militaires, elle est restée impuissante face aux modifications constitutionnelles faisant voler les limitations du nombre de mandats. D’où l’impression de deux poids, deux mesures. Les politiciens pouvaient faire des coups d’état constitutionnels sans sanction là où les militaires n’avaient pas le droit.

L’avènement de militaires puchistes au Mali, en Guinée, au Burkina Faso ont sonné le premier glas de la Cedeao. Assimi Goita a déclenché la première salve, avec son second coup d’état qui n’a plus fait l’objet de sanctions draconiennes. Doumbouya a suivi, avec la même complaisance. Puis Traoré. Le coup d’état au Niger a été comme un très grand signal d’alarme aux chefs d’états de la Cedeao. Si on ne fait rien, on va être emporté, se sont-ils dits. . D’où la seconde erreur. Annoncer une intervention militaire sans en avoir ni la capacité, ni la volonté. Échec et mat. L’échec de mise en œuvre de cette intervention militaire a définitivement ôté toute crédibilité à la Cedeao. Résultat, il n’y a même plus de sommets. On attend simplement que les sanctions économiques fassent leur effet et que les militaires Nigeriens tombent. Mais la Cedeao a juste oublié un détail: Aucune barrière n’est infranchissable, aucun embargo étanche. La contrebande et la piraterie sont les plus vieux métiers du monde. Le Niger va finir par trouver un équilibre.

L’estocade finale est venue du Mali et du Burkina Faso. A quelques semaines d’intervalle, les autorités maliennes ont annoncé le report sine die des élections dans leur pays, alors que le capitaine Traoré a carrément signifié qu’il est hors de question de parler d’élections tant que les terroristes sevicent dans le pays. Doumbouya lui a même oublié qu’on appelle quelqu’un Cedeao. Silence de l’organisation sous régionale. C’était pourtant des engagements essentiels. Cette fois ci, c’est définitif, la Cedeao politique est bien morte.

À mon avis. Il faut garder la Cedeao économique et créer une autre organisation politique sous régionale, qui criminalise autant les troisièmes mandats que les coups d’états militaires. Cette organisation pourrait être dotée d’une force militaire capable de lutter contre le terrorisme dans un état membre et, aussi, de chasser du pouvoir tout militaire qui le prend par force.

Dites moi ce que vous pensez de cette mort de la Cedeao. Peut elle retrouver une certaine crédibilité ? Vos avis m’intéressent.

Débattons vivants.

Gerry