Interview/Kossi-Amen Gbene : « Il existe cinq étapes à franchir pour devenir un entrepreneur épanoui »

Kossi-Amen Gbene, entrepreneur et expert en développement des entreprises, revient dans cette interview sur les  principales étapes  à franchir pour s’épanouir dans le domaine entrepreneurial.

Aujourd’hui, tout le monde parle de l’entrepreneuriat. C’est quoi au juste l’entrepreneuriat ?

On peut définir l’entrepreneuriat de nombreuses manières, en soulignant la diversité des attributs, des contextes, des motivations, des rôles et des contributions des entrepreneurs et experts en développement des entreprises au sein de la société.

Pour ma part, l’entrepreneuriat peut être défini comme l’ensemble des actions visant à créer de la richesse et l’emploi par la création d’une entreprise. Ainsi, l’entrepreneur est envisagé comme un individu créatif et vigilant, qui scrute l’horizon économique et qui s’appuie sur le savoir et l’information pour transformer une idée ou une invention en une innovation réussie en vue de dégager un bénéfice. Il s’agit de saisir des opportunités d’affaires autour de soi, de créer de la valeur nouvelle pour sa communauté et d’assurer sa pérennité tout en garantissant son autonomie financière.

Pourquoi faut-il développer l’entrepreneuriat des jeunes pour stimuler la croissance ?

Conscient que le capital humain (savoir et formation) et l’accès à l’information et aux marchés sont des conditions préalables à la réussite de l’entrepreneur, le développement de l’entrepreneuriat est le processus qui consiste à accroître les compétences et le savoir entrepreneuriaux grâce à des programmes de formation structurée et de renforcement des institutions. Il vise à élargir la base entrepreneuriale afin d’accélérer la création d’entreprises. Il cible les individus qui souhaitent démarrer ou développer une activité en misant sur le potentiel de croissance et sur l’innovation.

Dans un contexte marqué par la crise financière à laquelle s’est ajoutée la crise sanitaire, COVID-19, le développement de l’esprit entrepreneurial, de la créativité et de l’innovation peut être la clé pour stimuler la relance de l’activité économique dans nos pays. C’est pourquoi nos gouvernements donnent une importance capitale à l’activité entrepreneuriale et tentent de mettre en place des politiques de stimulation, d’aide et d’accompagnement destinées aux entrepreneurs et aux porteurs de projets.

C’est ainsi que, la priorité est donnée au développement des entreprises et à la stimulation de l’entrepreneuriat, étant donné le rôle que jouent les entreprises et les entrepreneurs dans la création et le partage de richesses.

En effet, l’entrepreneuriat soutient la croissance et le développement économiques via les innovations sur le marché, et il existe une relation bidirectionnelle entre l’entrepreneuriat, d’une part, et la croissance et le développement économiques, de l’autre.

L’Impact de l’entrepreneuriat sur le développement économique nous fait apprécier l’introduction sur le marché des innovations. De plus, les entrepreneurs créent des opportunités qui permettront à d’autres de tirer parti de leurs découvertes et de leurs innovations. Ce qui engendre un changement propice à la croissance économique.

Cependant, force est de constater que le rôle des entrepreneurs dans les pays en développement diffère de celui qu’ils jouent dans le monde développé. Alors que, dans les pays développés, les entrepreneurs se concentrent sur l’innovation et sur les activités de recherche et développement (R-D), dans les pays en développement, ils s’attachent avant tout à fabriquer pour le marché local, à un coût inférieur, des produits disponibles sur le marché mondial.

Par conséquent, non seulement l’entrepreneuriat influe sur la croissance et le développement économiques, mais les taux d’entrepreneuriat diffèrent d’un pays à l’autre selon le niveau de développement économique. Dans l’ensemble, en effet, les économies africaines restent peu diversifiées, leur part dans le commerce mondial est encore modeste et elles pâtissent d’un manque de qualifications et d’une faible capacité d’absorption des nouvelles technologies.

Il est recommandé de lever les obstacles au développement de l’entrepreneuriat en facilitant l’élaboration de meilleurs dispositifs d’aide financière, de façon à permettre le développement du crédit aux entreprises, tout en accordant aux hommes et aux femmes entrepreneurs les mêmes formations et droits économiques.

Quelles sont les étapes à franchir pour s’épanouir dans le domaine entrepreneurial ?

Pour passer de simple entrepreneur à véritable propriétaire d’entreprise, des étapes sont à franchir : créer, se développer, se stabiliser, reprendre ou céder, croître en externe, déclin …

            Etape de la création : après la phase de gestation de l’entreprise, la phase de création permet de consolider les bases et de bâtir les fondations de l’entreprise et de la présenter au grand public.

            Etape du développement : à ce niveau, l’entreprise se développe rapidement et se fait une place parmi la concurrence. Son chiffre d’affaires évolue, son équipe s’agrandit et son image de marque se développe. Elle connaît une croissance réussie et grandit au fil du temps tout en continuant de saisir des opportunités et maitriser les gestes et outils pour croitre.

            Etape de la stabilisation : il s’agit de la phase de la maturité ou une encore la phase où l’entreprise prospère et croit. Stable, elle se doit de se renouveler, innover pour continuer à croître, car cette phase ne dure pas éternellement, peu importe qu’elle soit la plus longue du cycle de vie l’entreprise et peut durer plusieurs décennies.

            Etape du déclin : cette étape fait suite à la phase de stabilisation et marque un changement dans sa croissance. Il s’agit d’un ralentissement de la croissance de l’entreprise qui s’ouvre sur deux possibilités :

•            l’entreprise arrive à rebondir et reprend sa stagnation

•            l’entreprise ne parvient pas à surmonter cette étape et passe en phase critique.

            Etape critique : à cette étape, l’entreprise fait face à un déclin global et il revient alors au chef d’entreprise des décisions idoines qui peuvent le mener par exemple à une transmission des actifs de l’entreprise ou de la céder à un repreneur, ou encore de passer à la fusion-acquisition (transmettre le patrimoine d’une entreprise à une autre).

Est-il vraiment possible de commencer une activité avec « zéro franc » ?

Le nerf de la guerre pour tout entrepreneur qui souhaite créer, se développer, reprendre ou céder, croitre en externe … est le financement, dit-on ! Un projet solide et ambitieux restera toujours à l’état de projet s’il ne trouve pas de financement. Aujourd’hui plus encore, croyez-vous, car conjoncture économique oblige, il devient plus compliqué d’obtenir des fonds pour mettre en route une idée. De ce fait, il est souhaitable de démarrer une activité avec « zéro franc ». En clair, il s’agit de lancer ses activités en s’appuyant sur ses économies personnelles ainsi que sur les aides financières de ses proches (love money). Il s’agit d’un concept d’« entreprendre à zéro franc » qui consiste à se lancer en affaire sans se faire octroyer un prêt ou crédit bancaire, au-delà de toutes polémiques. Pour ma part, je dirai plutôt d’« entreprendre avec un Prêt/Crédit bancaire = 0 ». Afin de se concentrer sur les innovations à apporter ou les opportunités du marché à saisir et éviter les stress d’un crédit accordé, source de manque d’inspiration chez les jeunes entrepreneurs.

Quels conseils pouvez-vous donner à la jeunesse togolaise voulant se lancer dans une activité génératrice de revenus ?

Dans la perspective de promouvoir le développement d’un « entrepreneuriat à forte croissance » et de contribuer à améliorer la qualité de l’environnement entrepreneurial, je dirai aux jeunes de saisir les opportunités offertes par nos gouvernants qui ont mis en place un climat économique général propice à la création des entreprises (e.g. fiscalité et réglementation) et de stimuler l’entreprenariat par un ensemble de mesures spécifiques incitatrices (e.g. les aides financières, les exonérations fiscales, etc.) ou par l’implantation de nouvelles structures et organismes (e.g. les pépinières d’entreprises, les incubateurs, les pôles d’excellence, etc.). Afin de les aider à développer des idées originales, à se faire former, à recruter les talents appropriés et à étoffer leur activité.

Ce qui leur permettrait d’être des entrepreneurs motivés par des opportunités en aspirant au profit et à l’indépendance. Afin d’innover et viser une forte croissance de leurs activités, notamment par une expansion au-delà des marchés, des produits et des services locaux. Et non, des entrepreneurs motivés par la nécessité en créant leurs entreprises parce qu’il n’existe pas d’autres opportunités d’emploi rémunéré viables pour eux. De plus, il leur revient de se faire accompagner par des cabinets spécialisés…

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