« La pensée bâillonnée des intellectuels au Togo. Que se passe-t-il donc dans les universités publiques au Togo ? » C’est le titre d’une tribune libre publiée dimanche par le président du Parti des Togolais sur sa page Meta (Facebook). Un véritable pavé lancé dans la marre des universitaires du pays. La réaction du Prof Apedo-Amah a été sans appel.
En effet, dans cette tribune libre, Nathaniel Olympio du Parti des Togolais s’est directement adressé aux universitaires. Ces intellectuels qui devraient réveiller le peuple, mais qui, malheureusement, ne le font pas, par peur de devenir la cible potentielle du régime.
« Les universitaires (togolais, ndlr) évitent soigneusement de s’exprimer sur les questions de politiques publiques. Dans d’autres pays de la sous-région, les intellectuels écrivent des tribunes, ils analysent et donnent leurs opinions sur les choses de la cité. Cela nourrit la réflexion et interpelle les dirigeants du pays, car leurs savoirs leur donnent une légitimité et une notoriété. Le faire au Togo, c’est se tirer une balle dans le pied et hypothéqué sa carrière. Car, une prise de position, ou un simple avis technique est considéré par le pouvoir comme une critique, donc l’auteur devient de facto une cible. C’est là un comportement typique des adeptes de la pensée unique. Alors ces penseurs se murent dans un silence qui n’est pas d’or », a écrit en substance l’opposant.
Nathaniel Olympio dans ses écrits, a quand même tiré chapeau à quelques perles rares qui relèvent le défi en écrivant régulièrement dans les médias. « Maryse Quashie, Roger Folikoué et Togoata Apedo Amah, j’en oublie peut-être, sont de ces espèces que l’on cherche à la loupe. Je leur tire un coup de chapeau », a-t-il ajouté.
Commentant cette tribune, Prof Togoata Apedo-Amah n’y est pas allé par quatre chemins pour tirer à boulet rouge sur ses collègues universitaires. A l’en croire, si la pensée des intellectuels togolais semblent être bâillonnées par le pouvoir, la faute est avant tout aux universitaires.
« Il y a un proverbe Guin qui dit: “Ne o do ayi a, ayi kpo o la lō”. Si tu sèmes du haricot, tu récolteras du haricot. Si la situation de l’université a dégénéré à ce point, les profs en sont largement responsables par pur opportunisme », a noté Prof Togoata Apedo-Amah.
Et de poursuivre: « Ils ne pensent qu’à eux-mêmes et se foutent complètement du Togo. Rien du tout ne les empêche de faire leurs recherches et d’évoluer académiquement. Le problème, c’est qu’ils veulent tous devenir ministres ou directeurs de quelque chose. Donc ils ne veulent pas faire de vagues pour ne pas compromettre des nominations éventuelles. On me dit sur le campus que plein de profs sont des mouchards qui enregistrent leurs collègues pour les dénoncer. Et certains n’osent plus parler ».
Comment un prof d’université peut-il avoir peur de parler sur un campus ? s’est-il étonné. A entendre ce professeur des Lettres, les universitaires qui se murent dans le silence et jouent au souffre-douleur sont des « opportunistes carriéristes ». « Entre l’engagement citoyen et leur carrière, ils ont fait leur choix, car sur le terrain de la recherche, rien ne s’oppose à eux », a tranché le dramaturge.