Rarement une juridiction spéciale s’est attirée autant de critiques que la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) au Sénégal. Elle est supprimée ce jeudi par un vote à l’Assemblée nationale où les députés ont approuvé un projet de loi portant création d’un Pool Judiciaire Financier (PJF).
Cette juridiction instituée en 1981 par le président Abdou Diouf et mise en activité par l’actuel Chef d’Etat sénégalais Macky Sall en 2022, n’a jamais réussi à faire l’unanimité autour d’elle. Ainsi, en dehors du manque de résultat, c’est-à-dire son échec à « endiguer la criminalité économique et financière » comme l’a indiqué le gouvernement, la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) a toujours été perçue par les opposants politiques comme une structure instituée pour les pourchasser.
D’ailleurs, c’est la CREI qui a traité, jugé et condamné les opposants Karim Wade et Khalifa Sall respectivement en 2015 et en 2018, une situation qui les avait empêchés de se porter candidats aux élections présidentielles de 2019. D’ailleurs, durant les 11 années d’activités de la CREI, elle n’a rendu que deux décisions de condamnations.
Au cours des débats, les parlementaires se sont réjouis de la disparition de la CREI. En lieu et place, un Pool Judiciaire Financier avec un parquet spécial sera mis en place. Le projet de loi y relatif a été approuvé par plus de 120 députés sur 165. Il ne manque que l’étape de promulgation par le Chef de l’Etat.
L’alter ego de la CREI au Bénin dénommé Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) subit les mêmes critiques. De nombreux observateurs lui reprochent d’être une justice politique pour réduire les principaux adversaires de Patrice Talon à l’instar de Joël Aïvo ou encore de Reckya Madougou.