En fin de semaine dernière, une délégation de Chefs d’Etats africains composée de Macky Sall (Sénégal), Hakainde Hichilema (Zambie), Azali Assoumani (Comores et présidents en exercice de l’UA), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud, Chef de délégation) et d’autres diplomates de 3 pays, s’est rendue en Ukraine et en Russie pour, est-il dit, une mission de paix. Mais il est probable que cette sortie de ces leaders africains soit plutôt motivée par des intérêts économiques.
Cette première du continent africain en matière de médiation dans un conflit d’une telle ampleur dans une zone géographiquement éloigné de ses territoires, a suscité beaucoup d’interrogations de la part de nombreux observateurs. Après l’échec d’une tentative de médiation par la Chine pour amener russes et ukrainiens à faire taire les armes, les analystes politiques se sont demandés par quelle alchimie cette délégation africaine pouvait réussir à ramener Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky à la raison.
Objectivement, le continent africain ne dispose d’aucun moyen de pression militaire, économique ou géopolitique sur les deux belligérants. Au finish, comme cela était logiquement prévisible, cette mission africaine est repartie de l’Ukraine et de la Russie sans obtenir une once de concession entre les deux pays en vue d’un projet de paix, même si le chef de délégation, Cyril Ramaphosa déclare que « la mission a eu un impact ».
Mais avec un peu de recul, il faut croire que les leaders africains commencent par comprendre que la « realpolitik » est un univers d’intérêts. Et en la matière, le préjudice majeur causé au continent africain par la guerre en Ukraine reste et demeure les entraves à l’importation de blé. Il n’y a aucun doute que dans ce périple de la délégation africaine, ces chefs d’Etats aient relevé à leurs homologues russe et ukrainien, la nécessité de sécuriser et de garantir l’accord sur les exportations de blé en dépit de la poursuite des offensives.
Au final, cette mission officiellement dite de paix pourrait bien être une mission de blé.