Miabéloya, pour dire ‘’notre avocat’’. Aoussi Nadia Anwone incarne bien la réussite entrepreneuriale. La jeune juriste accompagne les particuliers et Petites et Moyennes Entreprises (PME), dans leurs défis juridiques. Son crédo, la mise en place d’une politique cohérente de gestion active ou préventive des risques. D’un profil très polyvalent, Miabéloya s’est très vite trouvé son chemin et s’est accroché à sa passion pour la chose juridique. « Je finis par m’y résoudre, je l’ai dans le sang tout simplement », consent-elle.
Dans une interview accordée à notre Rédaction, Aoussi Nadia Anwone, connue sous le nom de Miabéloya, lève un coin de voile sur sa personnalité, sa passion pour l’accompagnement juridique des entreprises, etc. Lisez plutôt.
Présentez-vous à nos internautes.
Je suis Aoussi Nadia Anwone à l’Etat civil et communément appelé Miabeloya, entrepreneure et responsable de l’espace juridique Miabeloya.
Parlez-nous de votre parcours d’entrepreneure et de la création de Miabeloya qui a cinq (5) ans.
Raconter mon parcours fera un peu long. Mais en résumé, Miabeloya est une jeune entrepreneure. Aujourd’hui, j’ai 27 ans et l’espace juridique Miabeloya a cinq (5) ans au Togo. Ce n’est pas ma seule expérience entrepreneuriale. J’ai commencé mon insertion professionnelle très tôt en classe de 1ère, où je m’intéressais déjà à tout ce qui était de portée juridique, comme la rédaction de documents avec des stages dans des cabinets d’avocats et de notaires.
J’ai un profil très polyvalent où j’ai même fais une réorientation en qualité sécurité, environnement et responsabilité sociétale des entreprises. Je m’intéresse énormément à tout ce qui est conformité d’entreprises et croissance des PME. Pour dire que tout ce qui est accompagnement d’entreprises, je finis par m’y résoudre, je l’ai dans le sang tout simplement J’ai fait beaucoup d’entreprises en tant que responsable projet. Au final, je me suis lancé dans l’aventure de Miabeloya avec à cœur le besoin d’accompagner juridiquement les PME, simplement parce que c’est mon battement de cœur. Il y a énormément d’entreprises qui ont un besoin d’accompagnement juridique parce que ça a un coût, l’accompagnement juridique. Mais on ne peut pas également méprendre ou laisser en berne les problèmes et les défis juridiques des PME. Alors, on n’y est et aujourd’hui, cela fait cinq ans que cette aventure a commencé dans un contexte pas très favorable. Mais, il y avait une vision, il y avait des objectifs qu’il fallait atteindre.
Aujourd’hui nous avons cinq ans et nous nous préparons pour rentrer dans une nouvelle saison de la croissance de notre entreprise. Nous avons un fort potentiel de croissance actuellement dans le domaine de la prestation de services. Ça va vite, on peut facilement tripler, multiplier par cinq son chiffre d’affaires, des indicateurs de croissance, parce qu’il a beaucoup moins d’immobilisation. Mais ça demande une restructuration interne pour pouvoir tout porter, également, une levée de fonds. Je pense que c’est à ce niveau que nous sommes. La levée de fonds pour atteindre les objectifs.
Quels sont vos défis en tant qu’entrepreneure dans un monde masculinisé ?
C’est vrai, selon les statistiques du Centre de Formalités des Entreprises (CFE), 73% des créateurs d’entreprises sont des hommes, c’est donc un secteur fortement dominé par les hommes même si ce chiffre est très discutable. Parce que sur le terrain, quand on va y ajouter les activités informelles, la balance va très vite basculer, puisqu’on retrouve plus de femmes dans le secteur informel. Mais au quotidien, on va dire que les défis sont déjà pareils comme ceux de tous les entrepreneurs, cependant, quelques fois on rencontre des gens sexistes qui ne se retrouvent pas à avoir une femme qui dirige ou une femme aux commandes. Et ce n’est pas seulement aux côtés des pairs, c’est aussi dans les rangs des clients.
Pour la petite histoire, il y a un mois, nous avons eu un client auquel mes collaborateurs expliquaient une situation liée au nom qu’il voulait donner à sa structure. Le nom n’étant pas disponible, nous lui avons demandé de changer de nom, ce qu’il avait accepté. Mais au moment de signer le contrat, il disait que nous lui refusions ce nom. Quand j’ai voulu le recevoir pour lui expliquer la situation, il n’en revenait pas du fait que ce soit moi qui suis à la tête de la boîte. Il m’a même suivi jusqu’à mes bureaux de consultations à Nunya Lab où il voulait faire des tas d’histoires, mais il a été remis à sa place. Donc ce sont des défis que nous rencontrons tous les jours, mais je peux dire que le parcours que nous avons fait jusque-là, nous permet déjà de nous mettre au-dessus de tout cela. Ce sont des gens qui ne comprennent tout simplement pas et on ne va pas se mettre à leur niveau.
Lors du Forum économique Togo 2023 organisé par la Konrad Adenauer Stitung (KAS), vous étiez un des communicateurs. Que pouvait-on retenir de votre présentation ?
De façon ramassée, nous avons parlé essentiellement de Miabéloya. Nous l’avons utilisé comme cas pratique pour parler des défis et réussites des petites et moyennes entreprises togolaises. C’était une session de partages, également d’échanges. On retiendra que les PME ont d’énormes défis que sont ceux de l’accès aux marchés, de l’accompagnement, mais également en matière d’accès de financements adéquats. Malgré tous ces défis, certaines PME arrivent à créer de la valeur et de la richesse. Cependant, il faut que tous les acteurs de l’économie togolaise puissent œuvrer à l’amélioration du cadre économique afin que les PME qui ont une vision puissent davantage émerger.
Votre impression sur ce forum de la KAS ?
Comme toujours, la Konrad Adenauer Stitung (KAS)se positionne sur l’accompagnement des économies africaines. Et le forum économique Togo 2023 était le bienvenu. Il mettait en synergie des premiers acteurs de l’économie, c’est-à-dire les entrepreneurs, mais aussi des décideurs, des représentants de structures d’accompagnement financier, etc.
L’initiative est à féliciter. Cette édition était particulière parce qu’elle donnait la parole aux entreprises pour parler d’elles-mêmes, ce qu’on n’avait pas l’habitude de voir. C’était plutôt des structures et mécanismes qui parlaient des PME. Ce forum a donc eu le mérite de laisser entrevoir les défis et les enjeux des PME du regard des premiers acteurs que sont les entrepreneurs.
Qui sont les clients, ou à qui s’adressent les services de Miabeloya ?
Miabeloya aujourd’hui se positionne sur l’accompagnement des PME. Nos clients, ce sont les entreprises, également les incubateurs, les structures accompagnatrices d’entreprises qui nous sollicitent pour des portefeuilles de consultation et d’appui. Nous sommes spécialisés dans tout ce qui est prestations de services juridiques (orienter, création et gestion), formalité et création, mutation d’entreprise, documentation juridique, le digital juridique (la bosse de sécurisation de plateformes digitales, protection des données). Nous résumons tout ceci en une phrase : la sécurisation des biens et intérêts des PME.
Quelle est la place des PME dans l’économie togolaise ?
Les PME font entre 60 et 80% de l’économie togolaise. Elles constituent donc la majorité du tissu économique. Et c’est pour cette raison qu’il y a énormément d’enjeux autour de leur croissance, du cadre dans lequel elles évoluent parce qu’elles font l’économie d’aujourd’hui et de demain. Elles créent de l’emploi et constituent en même temps la majorité de la main d’œuvre pour pouvoir exécuter des projets et programmes, qu’ils soient à des niveaux étatiques ou internationaux.
Dans le contexte togolais, est-ce que le recours à une structure comme la vôtre est systématique pour la création d’une PME ?
De plus en plus, mais on n’y est pas encore. Nous assistons tout de même à une montée de restructuration du tissu des créateurs d’entreprises. Ceux qui se formalisent aujourd’hui sont des personnes ‘’intellectuels’’ qui comprennent quelque part l’enjeu juridique. Sinon pour la majorité des entrepreneurs encore dans l’informel, la question de formalisation pose déjà un problème. Généralement, on consulte un juriste pour l’accompagnement, soit lorsque la personne a compris elle-même, ou est face à un défi ou un enjeu particulier.
Quels conseils pour cette jeunesse plutôt féminine qui veut peut-être emboiter les pas de Miabeloya ?
Emboiter le pas de Miabeloya, moi je ne dirai pas oui. Mais plutôt il faut chercher sa propre voix déjà. Je le disais en début de ma présentation, l’entreprenariat n’est pas la voix la plus aisée pour construire sa carrière ou pour réaliser sa vision. Mais si vous sentez que vous êtes appelé à l’entrepreneuriat, allez-y. Toutefois, n’oubliez pas de vous faire accompagner. Moi j’ai la chance de me faire accompagner par des mentors qui m’ont toujours soutenu par des conseils. Ils ont toujours été là avec moi pour des stratégies gagnantes. Je crois que c’est le meilleur conseil que je peux donner à quelqu’un qui veut se lancer dans l’entreprenariat. C’est de se faire accompagner par des personnes qui veulent que vous réussissez.
Miabeloya force l’admiration.👍 Super courage