La France pourra-t-elle encore exporter des céréales vers l’Afrique ou le Togo ? Les producteurs et négociants français craignent de ne plus pouvoir utiliser l’insecticide phosphine au contact direct des grains, comme le préconisent leurs clients historiques africains, dont le Togo. Les producteurs sont confrontés à de sérieux défis depuis que le gouvernement français a introduit une nouvelle règle concernant l’utilisation du produit chimique.
En effet, le gouvernement français a été interpellé par plusieurs députés sur les conséquences d’une décision de l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses), datant d’octobre 2022, qui n’autorise, à compter du 25 avril, l’utilisation de l’insecticide PH3 (ou phosphine) en fumigation des cales des navires qu’à la condition qu’il ne soit pas “au contact direct des céréales”.
“Si aucune décision n’est prise, le 25 avril, on ne pourra plus exporter vers des pays comme le Togo, le Cameroun, l’Algérie ou l’Égypte, qui exigent dans leur cahier des charges une fumigation en contact direct avec les grains”, a déclaré à l’AFP Eric Thirouin, président de l’association des producteurs français de céréales (AGPB).
“On est au pied du mur. La Belgique, l’Allemagne, tous les autres pays européens ont réautorisé l’utilisation en fumigation directe, sauf la France. Ce qui fait que le quatrième exportateur mondial de blé pourrait ne plus pouvoir livrer ses clients, ce qui aurait un impact grave pour la sécurité alimentaire, et pour la balance commerciale de la France” où les céréales pesaient “11,5 milliards d’euros” en 2022, a-t-il souligné.
Bien conscient des enjeux, les autorités françaises ont expliqué chercher une solution “juridique” pour contourner cette contrainte.
“La France va continuer à exporter des céréales. Elle le fait dans le cadre du droit européen qui permet de déroger à l’interdiction (…) à la demande des pays d’import”, a indiqué le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, tandis que son homologue du Commerce extérieur, Olivier Becht rassure les concernés sur une décision imminente.
“Il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d’ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre”, a affirmé mardi Olivier Becht.