L’idée d’une force régionale de lutte contre le terrorisme et de restauration de l’ordre constitutionnel, émise par le Comité des Chefs d’état-major de la défense et des chefs de service de renseignement des États membres de la CEDEAO le 19 Décembre 2022, a été examinée par les Chefs d’Etats de l’organisation communautaire ce 18 Février 2023 à Addis-Abeba. Sur le sujet, une question demeure en suspens : quelles seront les lieux de déploiement de cette force si la même CEDEAO exclut de ses instances les Etats en proie au terrorisme dans son espace ?
Le phénomène du terrorisme gagne de plus en plus du terrain dans l’espace CEDEAO. Les Etats les plus touchés sont surtout le Mali, le Niger, le Burkina Faso et une partie du Togo et du Bénin. Face aux échecs des interventions militaires internationales, il urge de réfléchir à des solutions endogènes comme une force régionale de la CEDEAO pour combattre efficacement les groupuscules djihadistes.
Le projet initié par les responsables des services de sécurité des Etats membres de la CEDEAO, est entériné visiblement par les Chefs d’Etats qui instruisent « le Président de la Commission de mener les concertations sur les perspectives, avec tous les États membres, en particulier ceux qui sont gravement touchés par la situation ».
L’exercice imposé au Président de la Commission de la CEDEAO n’est pas une tâche aisée. Les Etats membres « gravement touchés par la situation », notamment le Mali et le Burkina Faso, sont pour le moment suspendus des instances de l’institution communautaire. Cette suspension risque de mettre des bâtons dans les roues de la mission confiée au Président de la Commission.
Par ailleurs, au cas où la concertation aboutit à la mise en place d’une force communautaire de lutte contre le terrorisme, est-il possible de déployer ladite force sur le sol malien ou burkinabè alors même que ces Etats n’ont plus de « bons rapports » avec la CEDEAO ?
La CEDEAO n’en a visiblement pas fini avec des décisions enchevêtrées qui tiennent rarement compte des réalités subies par les populations.