Une foule de jeunes en colère à cause de la grave pénurie de billets de banque qui touche actuellement le Nigeria a provoqué lundi une émeute à Kano, plus grande ville du nord du pays où le président Muhammadu Buhari était en visite.
Le pays le plus peuplé d’Afrique s’apprête à élire un prochain président le 25 février dans un climat de tension. Muhammadu Buhari ne se représente pas après son deuxième mandat, comme le veut la Constitution. Mais son administration est très critiquée, le pays étant en proie à une insécurité quasi-généralisée et ses quelque 215 millions d’habitants confrontés notamment à des pénuries répétées.
Dans le quartier de Hotoro à Kano, un point chaud de l’agitation politique, des dizaines de jeunes ont incendié des pneus et lancé des pierres sur la police, qui a tiré des coups de feu en l’air pour disperser la foule, d’après de nombreux témoignages recueillis par un journaliste de l’AFP. Cet incident s’est déroulé peu après une visite du président Buhari dans ce quartier où il a inauguré un pont aérien au-dessus d’une autoroute. Les jeunes manifestants, qui ont lancé des invectives et scandé des slogans anti-Buhari, exprimaient leur colère face à la pénurie de nouveaux billets de naira, la monnaie locale.
En octobre dernier, le gouvernement a annoncé sans prévenir changer les billets de banque (notamment leur couleur), et décidé que les anciens billets ne seraient plus valables à partir du 31 janvier.
A quelques jours de la date fatidique, très peu de banques ne distribuaient les nouveaux billets, laissant les Nigérians, dont la majorité vit dans la pauvreté et dépend de l’économie informelle, sans liquide, et donc sans argent.
Face à la pression populaire, les autorités ont repoussé dimanche la date limite au 10 février, mais lundi la plupart des banques ne distribuaient toujours pas les nouveaux billets dans les guichets, créant d’interminables files d’attente.
“C’est cruel de la part de Buhari d’avoir introduit cette politique dans un délai aussi court et le fait d’imposer des restrictions strictes sur les retraits d’espèces ne fait que tuer le commerce et rendre la vie difficile aux gens”, a déclaré à l’AFP un habitant du quartier Habib Sule.
“C’est ce qui lui a coûté le soutien de Kano qui a été inébranlable toutes ces années. Dans le passé, il aurait été impensable que Buhari y reçoive un accueil aussi hostile”, a-t-il ajouté.
Source : africanews