Pour vivre dans l’ harmonie des différences, il faut, non seulement l’acceptation de l’autre comme source de richesse, mais aussi la justice sociale qui permet une équitable répartition des biens. La paix ne résulte-t-elle pas de la justice sociale ?
Merci à vous chers lecteurs et chères lectrices de la Cité au quotidien. Merci pour votre fidélité en cette année 2022. Bonne lecture
Alors que nous sommes à la veille des fêtes de fin d’année, la ville de Lomé est dans une sorte de torpeur peu habituelle. On ne sent pas la fête et on ne vit surtout pas dans une ambiance de fête. Les parents se demandent s’ils peuvent offrir des cadeaux aux enfants et aux amis ; les fonctionnaires réfléchissent sur comment ils peuvent arriver à donner une couleur aux fêtes de fin d’année en faisant plaisir à leurs enfants ; les citadins cherchent désespérément les moyens pour envoyer quelque chose aux membres de la famille dans les villages et hameaux ; les prêtres et les pasteurs des différentes religions se demandent aussi si les fidèles pourront faire des offrandes conséquentes durant les messes et cultes de fêtes de fin d’année.
Tous les citoyens se posent des questions. Et si certains continuent de creuser les méninges, d’autres se consolent avec la phrase : « qu’est-ce qu’on n’a pas encore mangé ? Les fêtes de fin d’année de 2022 ressembleront, par conséquent, au difficile quotidien avec l’espoir que les conditions de vie changeront en 2023 avec une augmentation réelle des salaires comme cela a été le cas au Bénin, pays voisin, par exemple ».
Quand, en tant qu’observateurs, nous avons interrogé différents citoyens voici leurs réponses : « Nous avons tellement de difficultés au quotidien, que nous n’avons pas la tête à la fête. La vie devient de plus en plus difficile, la cherté de la vie est une réalité dans un contexte où les salaires n’augmentent pas en tenant compte de l’inflation. Avant, il était difficile de se projeter dans l’avenir mais, maintenant, c’est assurer le quotidien même qui est un chemin de croix sans des signes annonciateurs du dimanche de Pâques.
Et pourtant, de nouvelles boutiques s’ouvrent, des nouveaux bars s’installent. Ceux-là où trouvent-ils l’argent ? Sommes-nous vraiment dans le même pays ? Faut-il être d’un côté avant d’avoir les moyens de vivre et de bien vivre ? Les citoyens pourront-ils répondre à cette sollicitation ? »
Non, car, il faut le reconnaître, les ressources financières du Togolais moyen se sont bien asséchées ces derniers temps. La crise ukrainienne suffit-elle pour expliquer une telle situation ? L’inflation au plan mondial justifie-t-elle une telle pauvreté, source de misère ?
Pourquoi tant d’inégalités sociales ? Peut-on tenir ainsi ensemble dans une nation ? N’y a-til pas urgence à repenser la politique économique, sociale et œuvrer pour une meilleure …répartition des richesses ? La justice sociale n’est-elle pas le vrai baromètre de la paix ?
Le vivre-ensemble, qui tient compte de la vérité première et existentielle de l’être-ensemble, n’est possible que par une politique qui permet à chacun de bien vivre pour être épanoui dans toutes ses dimensions. Et si la pauvreté n’est pas une fatalité, elle doit être alors combattue quand on sait que, ce que l’on veut pour soi, comme meilleures conditions, est aussi valable pour son prochain. L’intelligence cherche alors à traduire dans les actes ce que le cœur a saisi et qui fait de nous des humains, c’est-à-dire des êtres qui ont compris qu’ils n’existent pas seuls mais qu’ils existent-avec-d’autres et donc qu’exister, c’est coexister et que la gestion de la co-existence passe par la politique, une noble tâche pour se mettre au service des autres.
Saisir par le cœur (siège de l’humain) et comprendre qu’un vivre ensemble dans l’harmonie des différences est possible, voilà le message de notre association « Le Rameau de Jessé » qui a fêté ses trente années d’existence en ce mois de décembre 2022. Pour cette célébration, nous avons encore proclamé le message du vivre-ensemble dans l’harmonie des différences par deux évènements : un colloque sur le thème « Germination pour une pensée politique en Afrique » et un concert sur le thème « Soyons des germes pour la civilisation de l’amour ». C’est pour nous une occasion de montrer, avec nos concitoyens, que la fête se vit d’abord dans les cœurs, à cause de l’amour et de l’amitié partagée. Et, avec nos moyens, nous avons encore rendu possible la « multiplication des pains » car, chacun a partagé d’abord ce qu’il est et puis ce qu’il a. Cela nous fait penser à ces mots de Jean-Claude GIANADDA : « Échangeons d’abord nos différences, ensuite nos talents » pour construire un monde plus beau, plus humain et plus fraternel.
Oui de ces sentiments si précieux, nous avons reçu de nombreuses marques de votre part et c’est ce qui a illuminé pour nous ce mois de décembre 2022, c’est ce qui nous a convaincus de continuer ce que nous avons entrepris depuis trois décennies. Nous tenons à remercier chacun de vous pour toute démarche, tout geste, toute parole qui a été pour nous un cadeau unique, que nous conserverons avec soin dans nos cœurs. Vraiment, merci à chacun de vous pour la participation au colloque et au concert. Merci surtout à Mgr Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN pour sa présence au concert le dimanche 18 décembre 2022 ; merci aux chorales La Psallette de Hanoukopé, Notre Dame du Sacré-Cœur de la Cathédrale de Lomé, au groupe artistique Ourias, à Roger DOGAN et à Marc TOKIN (responsables du Concert), merci à Jacqueline venue d’Aného pour ce concert, merci à LYNE des mots, la slameuse ivoirienne qui a donné une touche spéciale à ce concert.
Ce que nous souhaitons le plus aux Togolais c’est de voir se resserrer autour d’eux les liens de solidarité en ces temps difficiles matériellement. Ainsi, la fête sera dans leurs villages et leurs quartiers, dans leurs cours communes et dans leurs villas, et surtout dans leurs cœurs.
Nous pourrons alors reprendre ensemble le chemin, avec une nouvelle année porteuse de toute notre espérance, de voir s’ouvrir pour nous les portes d’un Togo nouveau, d’une Afrique nouvelle, car, « en notre cœur, un monde nouveau est en germe, où le petit est jugé traité avec justice, tous les droits du pauvre sont reconnus, en nos désirs un beau monde est en bourgeon » (extrait de l’hymne du Rameau de Jessé).
Belles fêtes de fin d’année à tous et à chacun.
Maryse Quashie et Roger Ekoué Folikoué
citeauquotidien@gmail.com
Lomé, le 22 décembre 2022