Carburant, péages, gaz, produits de première nécessité, matériaux de construction…les Togolais n’ont pas encore fini avec les impacts de la vie chère dont le plus prononcé est la flambée tous azimuts des prix des biens de consommation et services. Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines, avec la rentrée des classes en septembre prochain. Ça sent le roussi avec la flambée des prix des fournitures sur le marché…
Le chemin de croix se poursuit pour les Togolais, trimballés depuis plusieurs mois voire années par la vie chère et l’inflation tous azimuts. Denrées alimentaires, produits de première nécessité et de grande consommation, produits pétroliers, céréales, aucun secteur n’est épargné. Comme justification, il est avancé le prétexte des impacts économiques de la crise sanitaire à coronavirus et la guerre en Ukraine. La rareté du pétrole et la flambée du coût sur le marché international ont entrainé dans tous les pays la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe. Cela a entrainé des impacts en chaine. Au Togo, le pouvoir en place en a rajouté a la souffrance des populations avec plusieurs mesures antisociales qui ont eu pour effet de corser davantage la vie : hausse des prix des péages, imposition de la taxe sur les véhicules à moteur (TVM), taxe d’habitation (TH), réduction de la subvention accordée au gaz et augmentation des prix, renchérissement des prix des matériaux de construction. La série noire est loin d’être finie.
Flambée des prix des fournitures scolaires
La rentrée scolaire, c’est le 19 septembre prochain. Mais elle ne s’annonce pas de tout repos pour les parents à cause de l’envolée des prix des fournitures. Les cris ne sont pas encore audibles car ce sont seulement quelques poignées de parents d’élèves qui s’en rendent compte pour l’instant. Les prix des fournitures scolaires ne sont rien de comparable à ceux de l’année passée. La flambée est de l’ordre de 50 % au moins. Un tour dans les marchés permet de s’en rendre compte.
Le paquet de cahiers de 100 pages, qui se vendait l’année passée à 1000 F, parfois même à 900 F, coûte aujourd’hui au moins 1300 F voire 1500 F. Le carton de rames de papier qui tournaient autour de 8 500 F CFA et 10 500 F CFA maximum l’année passée, se vend à 14 500 FCFA aujourd’hui et pourrait bien atteindre 15 000 F avant la rentrée. Effet de corrélation, les sociétés de photocopie ont augmenté les tarifs de leur service, allant de 10 F à 15 F voire 25 F la page. C’est une évidence que les prix des livres et autres articles scolaires aussi flamberaient. La situation devrait être plus dramatique à l’approche de la rentrée même. Comme pour ne rien arranger, il nous revient que certains établissements scolaires privés augmentent déjà les frais d’écolage.
Dans un contexte de vie chère généralisée et où les salaires sont statiques depuis des lustres, le SMIG insignifiant, les revenus dégringolent, c’est dire que la rentrée scolaire s’annonce très dure pour le commun des parents.
Spéculation
Sur le marché, les vendeurs d’articles scolaires se réfugient derrière le prétexte de hausse des prix de livraison par les grossistes pour justifier cette flambée vertigineuse et exponentielle aux consommateurs finaux. « Nous payons aussi les articles chez les grossistes au grand marché. Et à chaque semaine, il y a augmentation sur les produits. (…) Quand nous payons cher, nous sommes obligés aussi d’augmenter le prix pour gagner un peu », s’est défendue Odile, revendeuse au marché d’Adidogomé, au micro du confrère lopinion.tg. Soit.
Cette commerçante n’a peut-être pas totalement tort. Mais cette envolée des prix est due surtout à la spéculation. En effet, au nom de la recherche effrénée du profit, les revendeurs font la loi et fixent des prix fantaisistes. Hausse des prix de gros, impôts, taxes, transports, ils ne manquent surtout pas d’argument pour motiver ces augmentations des prix sans limite. Les commerçants, eux, ne seront jamais perdants dans cette affaire. Ce sont les pauvres parents d’élèves qui vont supporter toutes ces hausses.
En l’absence du regard et de contrôle de l’Etat, c’est du pain béni pour les commerçants qui n’ont aucune pitié pour les pauvres consommateurs éreintés par la vie chère. Pour certains produits, il est parfois annoncé par le ministère du Commerce des soi-disant contrôles. Mais cela relève plus des effets d’annonce. C’est d’ailleurs la spéculation qui est à l’origine de la flambée de tous les produits sur le marché. Les acteurs procèdent quotidiennement à des augmentations fantaisistes. Et ce sont les populations qui en pâtissent.
Abandon du secteur aux étrangers, démission de l’Etat
La spéculation est sans doute une loi du commerce. Mais s’agissant particulièrement des fournitures scolaires, le secteur est abandonné aux étrangers. Ce sont eux qui assurent l’importation et fixent à leur guise les prix au consommateur. Pour un secteur aussi vital, sensible et de grande consommation que celui des fournitures scolaires, il faut être au Togo pour devoir laisser aux opérateurs économiques étrangers. La situation aurait pu être moins amère pour les parents d’élèves si l’Etat n’avait pas renoncé à sa mission sociale.
On se rappelle qu’il y a quelques années, il existait la LIMUSCO, librairie des mutuelles scolaires. Créée en 1974, elle se chargeait d’acheter en gros les fournitures scolaires destinées aux écoles et universités publiques, ce qui lui permet d’obtenir des ristournes importantes des fabricants et des distributeurs. Ces fournitures scolaires étaient alors vendues à coûts réduits. Ce système avait le mérite d’amoindrir les prix. Mais plombée par la mauvaise gestion, la LIMUSCO a été dissoute le 21 mai 2014 par décret présidentiel. Mais jamais les auteurs n’ont été inquiétés, comme de coutume face à la mauvaise gestion des structures étatiques au Togo. La LIMUSCO existerait encore que dans ce contexte de vie chère, elle amoindrirait le choc aux parents pauvres, avec aussi le concours de la Société des éditions du Togo (EDITOGO) qui imprimait aussi des cahiers, livres et autres documents.
Dans ce contexte de vie chère, le secteur des fournitures scolaires mériterait une subvention du gouvernement pour aider les populations et parents pauvres à s’en sortir. L’on pourrait par exemple fixer des prix standard et vendre des fournitures aux parents à moindres coûts , sur présentation de la liste…Mais l’on est au Togo, le pays où les gouvernants n’ont cure des problèmes de la plèbe. On préfère, à l’approche de la rentrée, actionner les Ong, associations et autres structures pour soi-disant effectuer quelques dons de fournitures aux élèves et crier victoire.
Source : L’Alternative / presse-alternative.info