Par Robert Dussey
Le rôle assigné à l’Afrique depuis le début de la guerre en Ukraine est évocateur de l’image qu’ont encore les grandes puissances de notre continent: leur zone d’influence. L’Afrique n’a pratiquement aucun impact sur l’ordre mondial actuel alors qu’elle subit très drastiquement les conséquences de cette crise qui affecte notamment sa sécurité alimentaire. Elle ne revêt un intérêt aux yeux des grandes puissances que lorsqu’elles se retrouvent en difficulté. Avant de se préoccuper du positionnement de l’Afrique dans le conflit ukrainien, il faut se préoccuper d’abord de la place – ou plutôt du strapontin – que l’Afrique occupe sur la scène mondiale. Pour preuve, dans toutes les discussions relatives au conflit russo-ukrainien, l’Afrique a été mise à l’écart.
Pour de nombreuses grandes puissances, le continent africain n’a tout simplement pas de rôle à jouer en tant qu’acteur «majeur» au sens kantien du terme. Indifférentes aux changements, elles pensent habiter le même monde qu’autrefois. Quand les Nations unies ont été créées en 1945, hormis le Liberia et l’Ethiopie, les pays d’Afrique n’étaient pas encore indépendants. Après 77 ans, c’est le même système international qui perdure du fait de la volonté des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
L’Afrique, entité purement instrumentaleLe projet d’intégration africaine reste certes toujours en chantier. Toutefois, un consensus s’est dégagé au sein de l’Union africaine sur la nécessité pour le continent d’obtenir deux sièges de représentants permanents au sein du Conseil de sécurité, en plus des deux sièges de membres non permanents réservés aux Etats africains. Or malgré ce consensus de 55 Etats membres, les réticences des cinq membres permanents à voir l’Afrique occuper cette place ne font aucun doute. La voix de l’Afrique n’est pas entendue, car certains ne veulent tout simplement pas que l’Afrique soit un continent fort.
Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes. Elles s’efforcent le plus souvent à amener les Africains à adhérer à leur «narratif» et, in fine, à soutenir un camp contre un autre, selon une logique diplomatique utilitariste. Quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre. L’Afrique est alors très courtisée, voire mise sous pression par certains de ses partenaires.
Une multitude de partenaires
Ces états d’esprits et agissements qui relèvent d’une autre époque s’expriment dans un contexte historique où l’Afrique a pris conscience de sa responsabilité propre. Elle parle de plus en plus d’une seule et même voix. Les fractures de l’époque coloniale entre une Afrique dite francophone et l’autre anglophone se sont estompées, tout comme les idéologies «post-guerre froide» qui ont dominé toute la seconde partie du XXe siècle.
L’Afrique actuelle n’est plus celle des années 1945, encore moins celle des années 1960. Nous avons aujourd’hui en Afrique une multitude de nouveaux partenaires comme la Chine et la Turquie qui font partie intégrante de la nouvelle géopolitique mondiale, bien loin des deux blocs antagonistes qui ont structuré l’après-guerre. Le monde s’est décentré pour devenir multipolaire. Pour paraphraser Blaise Pascal, le monde est devenu un tout dont le centre est à la fois partout et nulle part. Et l’Afrique ne peut et ne veut plus être les wagons d’une seule et même locomotive.
Beaucoup de pays africains ne se sentent aujourd’hui plus liés – au sens d’embrigadement – par l’histoire coloniale et se montrent enthousiastes à travailler avec de nouveaux partenaires. Cela devrait amener les grandes puissances à changer de logiciel. En tout cas, si elles veulent continuer de travailler avec les Africains. Il y a un défi de changement de mentalité et de comportement chez nos partenaires qui viennent tous en Afrique, sans exception, avec des agendas avant tout dictés par leurs propres intérêts. Pour l’Occident tout comme pour l’Est, je ne crois pas que les mots «partenariat» ou «alliance» soient toujours bien compris, quand il s’agit de notre continent.
Ecouter l’Afrique Pour avoir pris part à plusieurs rencontres organisées par l’Afrique et ses partenaires extérieurs ces dernières années et avoir été le négociateur en chef des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) dans le cadre des négociations post-Cotonou avec l’Union européenne en 2020, je pense qu’il y a une constance. Et tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique ne doivent pas la perdre de vue: l’Afrique attend plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde, avec les grandes puissances, quelles qu’elles soient. Aujourd’hui les Africains veulent être de vrais partenaires du reste du monde.
Dans le concert des nations, il faut que l’Afrique soit écoutée pour que le dialogue ait un sens. Le déficit d’écoute pervertit le sens du dialogue qui se transforme en une juxtaposition de monologues et de raisons partiales, parfois sous le couvert d’un pseudo-multilatéralisme dont le danger réside dans la distorsion de la relation. Or, dans le monde qui est le nôtre, ce n’est qu’en mettant ensemble nos intelligences que nous pouvons nous accorder sur les objectifs à atteindre.
Pas les mêmes mégaphones
Bien que les problématiques essentielles de notre temps demeurent les mêmes, l’appréhension des mêmes problématiques diverge selon qu’on parle du nord ou du sud. Ecouter les voix africaines ne peut pas être une simple variable d’ajustement. Le continent n’a certes pas les mêmes mégaphones que les grandes puissances de ce monde. Mais sa voix compte et doit compter si l’on veut avoir l’Afrique comme partenaire sur les grands sujets internationaux.
Plutôt que d’attendre à chaque fois un soutien inconditionnel du continent, nos alliés doivent faire l’effort d’accepter l’esprit d’un vrai partenariat. L’Afrique veut coopérer avec ses alliés sur la base de ses intérêts bien compris. Pour ce faire, nos partenaires doivent se défaire des imaginaires qui se sont en grande partie forgés aux XIXe et XXe siècles. Ils sont en dissonance manifeste avec notre siècle marqué par les défis nationaux et régionaux qui ont des implications globales. Tandis que les défis mondiaux ont des déclinaisons et ramifications régionales, nationales, voire locales. Les répercussions et les perturbations économiques actuelles à l’échelle internationale, résultats directs du retour de la guerre en Europe, en sont une belle illustration.
Monsieur Robert Dussey en sa qualité d’Enseignant devenu accidentellement homme politique est censé savoir qu’une Problématique mal posée ne peut jamais trouver de Solution appropriée.
L’Afrique est un vaste Continent ayant en son sein plusieurs Regroupements régionaux ou Blocs du point de vue géopolitique:
Ces Blocs régionaux pourraient constituer une bonne Base d’Intégration économique et sécuritaire.
Mais les Acteurs politiques n’y ont jamais songé en Afrique, car ils sont restés dans leur mentalité archaïque héritée de la colonisation et focalisée sur les micro-états hérités de la colonisation; ils passent le clair de leur temps à se glisser des peaux de banane en continu.
Deuxièmement, les acteurs politiques de ces pays continuent de considérer qu’ils doivent leur survie politique à des puissances étrangères et deviennent ainsi des “agents” déstabilisateurs de ces puissances étrangères contre leur propre pays et leur propre Peuple: Alassane Dramane Ouattara, Faure Gnassingbé et Macky Sall en sont des illustrations évidentes en Afrique de l’Ouest où la CEDEAO peine à définir une Politique sécuritaire commune depuis la création de l’ECOMOG et à définir une Politique monétaire commune (la création de l’ECO intentionnellement sabotée par Alassane Dramane Ouattara sur ordre des milieux obscurs français).
Comment le sieur Robert Dussey peut-il alors espérer que les puissances étrangères viennent avec Respect vers les acteurs politiques africains si ces derniers eux-mêmes ne se respectent pas dans leur comportement et n’affichent aucun sérieux dans ce qu’ils font?
Quel Acteur politique français, russe ou américain va respecter un Faure Gnassingbé qui n’a aucune Vision politique pour son pays ou pour l’Afrique de l’Ouest et considère le “pouvoir” politique personnel comme une Fin en soi?
K. Kofi FOLIKPO
http://www.kebo-toe.net/?page_id=2676
Somalie, Soudan, Le Sahel, Canal du Mozambique, Golfe de Guinée avec les flibustiers des Mers,
Paradoxalement Folikpo laisse de côté le grand Nigeria au pied d’argile chez lequel est né Boko Haram, l’Afrique du Sud inconséquente depuis la chute de l’apartheid pays qui parfois xénophobe avec d’autres africains, le Maghreb confronté à l’écueil Sahara occidental sans oublier l’Égypte avec ses intégristes musulmans. Mais enfin ceux qui cultivent les antagonismes religieux et tribaux à des fins politiques.
Il va falloir que l’Afrique toute entière relève tous ces défis avant de penser à une Alliance Sécuritaire Continentale (ASC). Chantier vaste et miné, il ne faut pas tout ramener au petit Togo, il y a des acteurs un plus représentatifs du mal qui ronge l’Afrique, il suffit d’ouvrir les yeu
Seul un idiot né peut vouloir construire d’abord la toiture d’une maison avant de vouloir construire la fondation …
Les usa, la Chine, l’Inde, l’union européenne, le Japon et bien d’autres pays reunis seront engloutis par le continent africain et il restera encore de la place ! Comment vouloir embrasser de façon globale la sécurité de tout cet espace géographique de façon uniformisée sans commencer par la sécurité région par région ?
Les USA avaient d’abord forgé leur stabilité sécuritaire à partir de 13 états avant de l’élargir à d’autres ! L’union européenne est obligée de se cacher aujourd’hui derrière l’OTAN mais n’a jamais réussi à définir une politique sécuritaire uniformisée ! On voit d’ailleurs actuellement toute la trouille des français et des Allemands quand est en train de mettre les voyous yankees et ukrainiens au pas …
K. Kofi FOLIKPO
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