De l’extérieur, qui peut objectivement comprendre que la présidence de la fédération ivoirienne de football ne soit pas naturellement confiée à la seule vraie gloire de football qu’a connue ce pays ?
Mais oui, les indices d’une farouche hostilité vis-à-vis de l’ancien capitaine des éléphants de la Côte d’Ivoire étaient perceptibles, depuis 2020 où il a fait acte de candidature. Des embûches, des ronces, des aléas délibérés ont été multipliés, mais l’homme a tenu, très probablement avec des soutiens fermes au sein de la FIFA et de la CAF.
Sauf que ces puissants du monde du football ne sont pas ceux-là qui mettent les bulletins dans l’urne en vue d’octroyer le pouvoir de la présidence. Ainsi, samedi dernier, Didier Drogba a mordu la poussière ou plutôt, a tapé poteau comme disent les Ivoiriens eux-mêmes. D’aucuns lui reprochent de manquer de connaissances abouties des méandres que renferme le monde footballistique ivoirien. D’autres, qu’il ne lâcherait pas facilement son argent ou qu’il manquerait de courtoisie et de chaleur humaine.
Ainsi, l’association des anciens footballeurs de la Côte d’Ivoire regroupant ses coéquipiers d’hier n’ont pas été en mesure de lui donner leur parrainage ou même, de le faire voter. Ce faisant, les acteurs du football ivoirien ont mis sur le carreau, la seule référence qui devrait servir de vraie icône ayant en même temps l’étoffe d’un symbole qui va librement et aisément défendre la cause de cette activité sportive partout dans le monde. L’on a préféré confier ce poste à un homme d’affaires, Idriss Diallo, originaire du nord de la Côte d’Ivoire, un peu comme la plupart de tous les gros pontes de l’appareil directionnel actuel de ce pays.
Au bout du compte, la faute est à qui? Sûrement en partie à Drogba lui-même qui, quoi que l’on dise, n’a pas su persuader les électeurs, notamment les présidents des clubs, principaux faiseurs de ce type de rois. Il aurait dû comprendre que ce n’est pas parce qu’il a réussi à se montrer étincelant sur les terrains de football, qu’il a réalisé des promesses en la matière qu’il a d’emblée des attributs d’un vrai leader ou d’un manager des hommes. Il s’agit là d’un autre type d’exercice qui exigera malheureusement de lui, le développement de nouvelles aptitudes, qui vont étoffer son intelligence des situations.
Voilà pour sa part! Mais l’ensemble des acteurs du football ont tout aussi la leur, car semble-t-il, ceux-ci tiennent plus à des intérêts personnels, aux intéressements immédiats et éphémères ainsi qu’à certaines considérations qui n’ont rien en commun avec le meilleur devenir du football ivoirien dans son ensemble. Et que dire du monde politique ivoirien dont le rôle catalytique ne peut être facilement snobé dans cette affaire!
Tout compte fait, l’homme a des alternatives, il a des flèches à son arc et peut, de multiples manières, se faire valoir en Côte d’Ivoire comme partout dans le monde. Il lui appartient donc de tirer les leçons de cet échec passager qui n’entame en rien sa renommée ou son histoire déjà construite de la manière aussi glorieuse. Et s’il a aujourd’hui un devoir, c’est celui de chercher à renaître de nouveau dans l’activité qui lui plait le mieux, pendant que, nous observateurs extérieurs, aurons le temps d’apprécier et d’évaluer les pas et les œuvres du nouveau président ainsi élu.
Luc Abaki