La déconnexion entre les gouvernants et leurs peuples est une grave absurdité qui érode leur légitimité en Afrique Francophone. Imaginez un père de famille qui en vient à se méfier de ses propres enfants et de sa famille en général au point de n’avoir de relations qu’avec des amis qu’il s’est fait en cours de vie.
Or son titre de père de famille ainsi que les attributs dont ils jouit, sont en réalité une émanation directe des membres de sa famille qu’il redoute et contre qui il multiplie des subterfuges mesquine, des acrobaties juridiques, des lois alambiquées et bien d’autres astuces enfantines en vue d’une part de se barricader contre ceux-ci et de l’autre, d’en faire usage pour les museler. Qu’adviendra-t-il au fil du temps?
Il suffit juste que la majorité des membres de cette famille se mettent ensemble pour créer une force et rappeler à leur père qu’il n’est pas à la hauteur de leurs attentes totalement légitimes. C’est exactement la grave bévue que commettent beaucoup de dirigeants dans nos pays de l’espace francophone.
Comment se fait-il qu’ils arrivent aussi facilement à oublier que le pouvoir qu’ils détiennent et des ressources dont ils jouissent sans mesure appartient à l’ensemble de leur concitoyens?
Comment en sont-ils arrivés à cette étape où ils se méfient terriblement de leurs peuples au point d’en faire des ennemis à abattre contre qui ils multiplient des lois impopulaires, liberticides et même des pratiques peu orthodoxes comme par exemple, la coupure d’Internet à l’occasion des manifestations publiques ?
Ce seul acte qui consiste à couper l’Internet mobile à l’occasion d’une manifestation annoncée des citoyens d’un pays, indique clairement que le dirigeant sait en son âme et conscience qu’il n’est pas en odeur de sainteté avec son peuple. Ainsi laisser cet outil de connexion à la disposition de celui-ci engendre une mobilisation extraordinaire qui le dénude et rend compte de sa faillite par rapport à sa mission et même à sa vocation de dirigeant.
Les liesses populations que l’on enregistre à la suite des renversements de régimes ou les grandes mobilisations qui s’organisent contre les pouvoirs supposés être élus devraient servir de baromètre pour mesurer le niveau inquiétant du drame que vivent nos pays en lien avec le projet de démocratie et de l’État droit. Il est absurde de croire naïvement en la capacité d’un dirigeant à étouffer indéfiniment son peuple par des méthodes lâches et non orthodoxes.
Il me parait utile de rappeler que la démocratie se définit trivialement comme étant le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
Cet exercice qui consiste aujourd’hui à ne la voir que sous prisme des élections souvent bidonnées, truquées et traficotées est une contorsion intellectuelle grave qui nous conduit aux situations malheureuses que nous vivons désormais avec des renversements de ces régimes.
Il importe par conséquent que nos dirigeants changent radicalement leur perception du pouvoir d’État et l’inscrivent résolution dans le service sans ménagement ni concession de leurs peuples. Et ce ne sera pour eux que noblesse, car il n’existe pas d’autres magies en dehors de cette attitude salutaire qui les protège et légitime l’exercice d’un pouvoir d’État. Qu’ils soient toujours tentés de recourir à la force brute et aux armes pour réduire leurs peuples au silence peut peut-être marcher sur un temps mais forcément limité.
L’entrée dans l’éternité de l’histoire de leur peuple et de leur pays exige forcément de leur part, une capacité à sortir de leur zone de confort qui les confine dans la jouissance, pour les élever vers le rang des leaders à même d’un minimum de sacrifice pour leurs mandants que sont leurs propres concitoyens.
Luc Abaki
Tres longtemps, les dirigeants africains francophones et leur oppositions ont cru que l’onction venait et devait venir de Paris.
Paris a bien joué le jeu en assassinant ou en faisant assassiner si nécessaire ceux qui ne se prêtaient pas à ce jeu. Pour MONTRER L’EXEMPLE!
Il fallait, il faut se faire adouber par Paris pour “REGNER”, c’est-à-dire durer tout le temps qu’on veut, ou que Paris veut bien! En fonction
des évolutions dans le monde! A partir de là, on ne doit rien au peuple. On n’a rien à faire du peuple puisque la légitimité vient d’ailleurs.
Quand il s’est agi de démocratisation en Afrique, le mode d’accession a changé. Les élections en Afrique sont devenues un “variant” du coup d’état, comme mode
de captation du pouvoir!
On met la main sur la caisse pour se servir avec ses proches, dans des pays où le vol est un sport national depuis le sommet de l’Etat.
Par un formalisme, le bandit pouvait s’installer au sommet de l’état en cochant la case élections.
Or la démocratie c’est une essence, une disposition d’esprit. Ce n’est pas un mode de captation du pouvoir par des élections plus ou moins frauduleuses. President, c’est un “métier” à fuir.
La démocratie est fragile, même dans des pays vieux de 200 ans de démocratie. Dans beaucoup de pays même, c’est souvent un aller-retour entre coup d’état et pouvoir démocratique.
Le défi pour les africains, c’est de decoloniser les pensées! C’est de democratiser les pensées! Et surtout ceux qui veulent diriger en Afrique dans les prochaines années doivent se préparer à mourir. Aux maliens, a bon entendeur…