Le forum de Dakar qui a connu une mobilisation record des acteurs du monde politique, diplomatique et des partenaires sociaux autour du thème des enjeux de stabilité et de l’émergence en Afrique dans le contexte post-covid, a pris fin mardi dernier.
Dans la foulée, le président sénégalais qui s’apprête à prendre la présidence tournante de l’Union Africaine, a accordé une importante interview aux médias français (TV5 et RFI).
« Je pense que nous devons apprendre à vivre en présence de ce virus, puisqu’on ne sait pas quand est-ce qu’il va quitter, on ne peut pas arrêter la marche du monde. Nos économies ont été éprouvées, donc il nous faut nous adapter dans la riposte sanitaire. Mais je ne suis pas d’avis qu’il faille fermer les frontières ou qu’il faille refaire des États d’urgence, pour le moment, cela ne se justifie pas ».
Cette portion du propos du Président sénégalais Macky Sall a le mérite d’être claire mais surtout aussi lucide et responsable.
Personne ne sait quand est-ce que la pandémie va quitter le monde, alors le bon sens impose de travailler prioritairement sur le respect des gestes barrières, sur l’encouragement à la vaccination, sans plus!
S’agiter en décrétant indéfiniment des États d’urgence, prendre prétexte sur la maladie pour arrêter carrément la vie à certains acteurs, notamment du monde culturel, est forcément suicidaire, et sans doute aussi injustifiable dans un contexte où personne, dans le monde entier, ne maîtrise la courbe d’évolution prochaine de la pandémie.
Il me semble opportun de rappeler que dans mon pays le Togo, l’État d’urgence instauré depuis le 1avril avril 2020 n’a jamais pris fin jusqu’à ce jour. En conséquence, les rassemblements et regroupements d’individus sont interdits, tout comme les night-club fermés. Les activités d’ordre culturel n’ont de facto plus cours dans le pays, mettant ainsi de fait au chômage, des milliers de citoyens alors qu’aucune solution alternative n’est envisagée.
Voilà qui en rajoute à la précarité, à la pauvreté et à la souffrance déjà ambiantes, depuis des années dans le pays. En revanche, fait particulièrement paradoxal, les marchés qui drainent par jour des milliers de citoyens sont restés ouverts, sans doute que les dirigeants ont bien compris le risque qu’ils couraient eux-mêmes en envisageant éventuellement leur fermeture aussi.
Pourquoi donc empêcher systématiquement les regroupements ou activités culturels en lieu et place d’exhorter simplement la population au respect des gestes barrières plus efficaces et plus raisonnables?
Malgré les sonnettes d’alarme tirées de gauche à droite, rien n’y est fait, au contraire, les conditions continuent d’être quasiment corsées et l’impasse s’accentuent pour les acteurs du monde culturel, au point que des observateurs avisés, en l’occurrence Amnesty International, ont estimé que le Togo prend prétexte sur la pandémie pour empêcher des activités vitales qui permettent le Vivre Ensemble et la promotion de la démocratie dans un pays.
Il y’a lieu, à nouveau, d’interpeller nos dirigeants sur l’urgence de desserrer objectivement et raisonnablement l’étau et d’apprendre à faire vivre le peuple en présence du virus, comme le font déjà tous les pays en Afrique de l’ouest et plusieurs autres dans le monde.
Ceci relève à la fois du bon sens, de la raison mais surtout aussi du sens de responsabilité par rapport à cet impératif pour tout dirigeant de veiller à une vie décente et au bien-être de ses citoyens.
Luc Abaki