L’Eglise évangélique presbytérienne du Togo (EEPT) traverse une zone de forte turbulence. Le différend lié à la souscription aux offres de trading s’est ajouté à celui de la vente du terrain de l’église par ses responsables. Dr Mawussi Daniel Akotia et son équipe sont pointés du doigt. Outre les faits cités plus haut, ils sont accusés de mauvaise gestion des ressources de l’église.
Le dimanche 06 juin 2021, nous avons été alertés par une descente d’un groupe de fidèle à la paroisse Tokoin Centre de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo (EEPT). De noir vêtus, ces fidèles réclamaient la rétrocession d’une parcelle de terrain vendue par les membres du bureau exécutif de l’église. Sur les T-shirt on pouvait lire : « Bring back our land » qui veut dire en français : « ramenez-nous notre terrain ». Le mouvement de dénonciation s’est poursuivi le dimanche 13 juin 2021 à la paroisse de Sagbado dans la commune de Golfe 7.
En effet, il s’agit d’un litige qui est pendant devant le Tribunal de Lomé. Selon les informations, le différend porte sur la cession de la parcelle de terrain sise Boulevard du 13 janvier, en face du Commissariat Central. C’est ce site qui abritait l’école Envol destinée aux enfants vivant avec un handicap mental. Dans le but d’empêcher la cession du domaine, les fidèles se sont constitués en un groupe pour assigner les responsables de l’église en justice et tenter d’annuler la vente. « Nous avons déjà réussi à obtenir une cessation des travaux sur le terrain. Ce qui a fait l’objet d’appel de la partie civile. Mais nous voulons, par nos actions dans les différentes paroisses, insister sur le fait que le terrain est un domaine qui a été offert par l’Etat togolais à la mission évangélique d’alors pour y construire des édifices religieux ou scolaires depuis 1945. Si aujourd’hui, des individus se permettent de le mettre en vente pour, disent-ils, éponger les dettes de l’église, que feraient les autres églises qui ont les mêmes difficultés financières dans la couverture des charges administratives ou autres, et qui ont aussi bénéficié de ces donations ? », s’interroge un membre du groupe des fidèles qui dénoncent la vente de ce terrain.
Cette manifestation qui se répète dans les différentes paroisses de l’EEPT vise aussi à dénoncer, selon les initiateurs, la mauvaise gestion des ressources de l’église. «Les problèmes de notre église sont constamment liés à la mauvaises gestion financière. Il faut y mettre fin une fois pour de bon. On reconnait que la vie devient de plus en plus difficile pour tout le monde, clergé comme fidèle. On ne doit pas aussi perdre de vue que ce sont les pasteurs sous le contrôle de qui on enregistre plusieurs millions Fcfa de détournements de fonds de l’église et ceux des projets. Si on se mettait à citer les cas de détournement ou mauvaise gestion, on ne pourra pas finir aujourd’hui », s’est emporté un fidèle qui évoque des investissements suspects du clergé.
La mésaventure trading
Fin mars 2021, le gouvernement, à travers le ministère de l’Economie et des Finances, interdit la poursuite des activités des sociétés de trading. Il s’agit, entre autres, de Global Trade Corporation S.A.S., CACESPIC-IF Togo Sari, Prosperity Investment Corporation (PIC) S.A, la Société de Négoce et de Courtage en Banque (SNCB), Leader Bureau Chymall-Sairui Groupe Togo, Alliance in Motion Global, Chy Century Heng Hue, QNET, J-Global Capital International S.A.U, TIENS, TIMEX TRADING, Aladin Groupe, Petronpay Togo, Black empire, High Life International, Global Building Investment and Trade (GLOBIT), Global Investment Trading (LIYEPLIMAL).
Dans son communiqué, Sayi Yaya déclare que ces structures exercent en toute illégalité et ne sont pas autorisées à collecter des fonds auprès du public contre des titres de capital ou de placement. « Elles proposent des gains mirobolants et flatteurs pour susciter l’engouement de la population à ces produits, l’exposant ainsi à un risque élevé de perte de l’épargne constituée durant tant d’années d’efforts », avertit le ministre tout en sommant lesdites sociétés « de procéder aux remboursements, sans délai, des sommes collectées auprès des adhérents, sous peine de poursuite pénale ».
Ce fut le début du désenchantement des milliers de Togolais qui ont souscrit à ces produits. Malheureusement, l’EEPT en fait partie. Selon les informations, les responsables de cette église, avec à leur tête le Révérend Dr Daniel Mawussi Akotia, ont déposé début octobre 2020, une somme de 500 millions de FCFA. Ce montant confié à Global Trade Corporation de Ghislain Awaga devait générer à terme, un bénéfice de 100%. Suivant le contrat, l’église est rémunérée à hauteur de quarante deux millions cinq cents mille (42.500.000) francs CFA à chaque versement. « Ils ont reçu 11 versements et il restait un pour que le capital déposé soit repris. Le 12ème versement était en attente quand le ministre a sorti la note d’interdiction », explique une source. Mais avant cette cessation d’activités, l’église a perçu quatre cents soixante-sept millions cinq cent mille (467.500.000) francs CFA. Il restait alors trente-deux millions cinq cent mille (32.500.000) francs CFA pour que l’EEPT rentre en possession de son capital entier. Si elle avait touché le 12ème chèque, elle aurait alors commencé à bénéficier de son gain. Hélas !
De leur côté, les fidèles ont vite fait de lier les deux affaires, estimant que les 500 millions FCFA déposés auprès de Global Trade Corporation sont issus de la vente du terrain litigieux. «Nous savons que c’est avec l’argent du terrain qu’ils sont allés souscrire aux offres de trading. De la part de leaders religieux, ça nous écœure. C’est comme s’ils ont transformé notre église en un marché où tous les business sont les bienvenus. Ils oublient que Jésus a chassé ceux qui ont transformé l’église en marché. L’EEPT est une église et non un marché », vitupère un fidèle qui rassure de la détermination des fidèles à tout mettre en œuvre pour récupérer le terrain vendu. La suite s’annonce donc mouvementée.
Pour les besoins de recoupements, nous avons contacté le modérateur de l’EEPT, Dr Akotia. Dans notre entretien, il a indiqué que l’église avait bel et bien souscrit aux offres de Global Trade Corporation, mais que le capital a été récupéré avant la décision d’interdiction prononcée par le ministre des Finances.
G.A.
Source : Liberté / libertetogo.info