L’économie du pétrole tire vers sa fin, alors que la société s’engage résolument dans la transition écologique. Demain, les puissances énergétiques seront celles qui domineront le marché des énergies renouvelables, dont l’hydrogène. Dans cette perspective, le Mali pourrait devenir le plus grand producteur d’énergie verte au monde.
La pandémie du coronavirus et les changements qu’il a apportés ont mis à mal le pétrole dans un monde en pleine transition énergétique. La demande nationale en or noir a considérablement baissé, tandis que la production des énergies renouvelables est en forte augmentation. Pour soutenir cette dynamique, les Etats ont renforcé leur engagement en faveur des énergies vertes, dont l’hydrogène. La France et l’Allemagne, notamment, ont annoncé respectivement des plans à 7 et 9 milliards d’euros pour en démocratiser l’usage. Des ambitions qui semblent sonner le glas du pétrole, dont le déclin était prévu, de toute façon, autour de 2050.
Grâce à leurs investissements colossaux, l’Allemagne et la France souhaitent devenir de gros producteurs d’hydrogène dans les années à venir. Mais les Etats Unis et la Chine, qui ont toujours des ambitions démesurées, préparent à leur tour des stratégies de l’hydrogène, tout comme le Canada, l’Australie, l’Espagne, etc. Egalement sur les starting-blocs, le Mali garde une carte sécrète dans la manche. Contrairement aux puissances mondiales qui ont jeté leur dévolu sur l’hydrogène vert manufacturé, cet Etat d’Afrique de l’Ouest mise sur l’hydrogène vert. Cette ressource est totalement propre car ne rejetant aucun CO2. Sa production ne génère que de l’eau ! De plus, il existe sous terre, est abondant et renouvelable.
Aliou Diallo, pionnier de l’hydrogène naturel
Un entrepreneur du nom d’Aliou Diallo a parié sur l’hydrogène naturel depuis 2010. Sa société Hydroma transforme cette ressource en électricité verte grâce à une unité pilote installée près du village de Bourakébougou. « Tout le monde parle de l’hydrogène. C’est la clé de la transition énergétique. Au Mali, cela fait plus de dix ans que nous sommes dans l’hydrogène », a confié le promoteur cette semaine dans une interview sur la chaîne Africable Télévision. Selon lui, le Mali a la chance de devenir un grand producteur d’hydrogène naturel au monde grâce à ses importants réservoirs. « Nous avons fait un rapport de qualification pour évaluer les réserves de gaz et il y a plus de 700 milliards de mètre d’hydrogène naturel rien qu’à Bourakébougou. En considérant la superficie du Mali, nous pouvons produire beaucoup d’hydrogène vert », s’est-il réjoui.
Les conditions réunies pour la production de l’hydrogène vert au Mali
Aliou Diallo a également misé sur l’hydrogène vert, en vogue ailleurs dans le monde, surtout en Europe. En Asie aussi des pays pétroliers comme l’Arabie Saoudite et le Qatar ont compris la nécessité de passer à l’hydrogène vert pour ne pas voir leur économie s’effondrer du jour au lendemain. L’Arabie Saoudite a annoncé un investissement de 700 milliards de dollars dans cette filière. Tout comme le Mali (situé au Sahel), elle a le potentiel pour une importante production : du soleil. « L’hydrogène vert, c’est l’hydrogène sur la base d’énergie décarbonée, c’est-à-dire l’énergie qui vient essentiellement du solaire et de l’éolien. Avec le taux d’ensoleillement et les vents intermittents le soir au Mali, on a évidemment de grandes potentialités de produire de l’électricité verte grâce aux électrolyseurs. », a souligné Aliou Diallo.
Le milliardaire malien voit ainsi son pays devenir, dans quelques années, un exemple dans de nombreux domaines. « On peut être la première économie décarbonée du continent africain, le premier pays à faire rouler les trains à hydrogène, le premier pays avec des voitures à hydrogène et le premier à produire de l’électricité avec de l’hydrogène », a-t-il énuméré.
Décomposer le fleuve Niger en hydrogène? Ça risque d’être une mer à boire!